En relisant les oeuvres de Tự Lực Văn Đoàn, je me suis intéressée aux traductions et j'en ai trouvé une, d'un poème de Thế Lữ. A propos de THẾ LỮ Et du rêve du "Groupe Littéraire Indépendant" ("Tự Lực Văn Đoàn") avec ses huit membres annoncés dans la Revue littéraire parue entre 1938 - 1939 : - Nhất Linh - Khái Hưng - Thạch Lam - Thế Lữ - Hoàng Đạo - Tú Mỡ - Xuân Diệu - Trần Tiêu Un groupe avec sa Revue et une imprimerie. Le premier à capter tant d'attention du public, des documentalistes et des critiques littéraires. Les dix objectifs du groupe : Nouveauté - Esprit jeune - Joie de vivre - Combativité - Confiance au progrès - Populaire - Non au caractère bourgeois - Respect de la liberté individuelle - Faire savoir que le Confucianisme est démodé. Littérature plus adaptée à une société moderne. Tous désireux de lutter pour l'indépendance du Viet Nam, contre les Français. Et quand on veut traduire un de leurs textes, je pense qu'il faut interpréter avec soin, afin d'éviter toute déformation possible. Ce que j'ai constaté en lisant la traduction de Mr THÂN TRỌNG SƠN. Le poème étant long, je n'ai relevé que ces quelques vers mal traduits : 1 - Tình nghĩa đôi ta có thế thôi : Entre nous, il n'y a que ça, càd on va arrêter nos relations ici. Sur l'échelle de 1 à 10, on peut évaluer l'intensité des sentiments. Thân Trọng Sơn : De notre attachement, il ne reste plus rien, càd zéro. Google : C'est tout ce que notre relation a. 2 - Đưa tiễn anh ra chốn hải hồ. : Đưa tiễn : accompagner quelqu'un pour faire ses adieux Hải hồ : errance dans un but précis, afin de satisfaire un rêve, un idéal quelconque, aux quatre coins de l'horizon. Hải : biển Hồ : sông Des endroits où le jeune homme a tout l'espace nécessaire pour vivre ses aventures. L'amour n'est qu'un lien d'attache qu'il faut rompre pour accomplir son idéal. Thân Trọng Sơn : Je vous reconduis aux lieux de danger sans fin. Reconduire : Accompagner (une personne qui s'en va) à son domicile, raccompagner, ramener Chốn hải hồ : Aux lieux de danger sans fin Google : Envoyez-le au lac 3 - Đâu còn lưu luyến chút duyên tơ? Avec le point d'interrogation, c'est clair que la jeune fille se demande si l'homme pense encore à leur amour. Thân Trọng Sơn : Si affirmatif ici : Oublieriez sans regret cet amour si pur ! Google : Où y-a-t-il un attachement persistant au destin ? 4 - Rồi có khi nào ngắm bóng mây ......Chạnh nhớ tình tôi trong phút giây : Et puis, y a -il- un moment où en regardant les nuages...tu te rappelles soudain mon amour l'espace d'un bref instant. Thân Trọng Sơn : Vous penserez, même pour un instant, à moi. Google : Alors parfois je regarde les nuages ...Mon amour me manque un instant. 5 - Mắt lệ đắm trông miền cách biệt : Mắt : yeux Lệ đẫm : mouillés de larmes Trông : regarder Miền : région, espace... Cách biệt : séparation, distance, éloignement... Thân Trọng Sơn : Et l’idée de te voir m’a inondé de larmes Google : Les yeux remplis de larme regardent la terre lointaine. Voici le poème de THẾ LỮ : GIÂY PHÚT CHẠNH LÒNG (Tặng tác giả "Đoạn tuyệt") "Anh đi đường anh, tôi đường tôi, Tình nghĩa đôi ta có thế thôi. Đã quyết không mong xum họp mãi. Bận lòng chi nữa lúc chia phôi? "Non nước đang chờ gót lãng du, Đâu đây vẳng tiếng hát chinh phu, Lòng tôi phơi phới quên thương tiếc Đưa tiễn anh ra chốn hải hồ. "Anh đi vui cảnh lạ, đường xa, Đem chí bình sinh dãi nắng mưa, Thân đã hiến cho đời gió bụi Đâu còn lưu luyến chút duyên tơ? "Rồi có khi nào ngắm bóng mây Chiều thu đưa lạnh gió heo may Dừng chân trên bến sông xa vắng, Chạnh nhớ tình tôi trong phút giây; "Xin anh cứ tưởng bạn anh tuy Giam hãm thân trong cảnh nặng nề, Vẫn để hồn theo người lận đận; Vẫn hằng trông đếm bước anh đi. Lấy câu khẳng khái tiễn đưa nhau, Em muốn cho ta chẳng thảm sầu. Nhưng chính lòng em còn thổn thức, Buồn kia em giấu được ta đâu? Em đứng nương mình dưới gốc mai, Vin ngành sương đọng, lệ hoa rơi, Cười nâng tà áo đưa lên gió, Em bảo: hoa kia khóc hộ người. Rồi bỗng ngừng vui cùng lẳng lặng, Nhìn nhau bình thản lúc ra đi. Nhưng trong khoảnh khắc thờ ơ ấy, Thấy cả muôn đời hận biệt ly. Năm năm theo tiếng gọi lên đường, Tóc lộng tơi bời gió bốn phương. Mấy lúc thẫn thờ trông trở lại, Để hồn mơ tới bạn quê hương. Ta muốn lòng ta cứ lạnh lùng Gác tình duyên cũ chẳng đường trông. Song le hương khói yêu đương vẫn Phảng phất còn vương vấn cạnh lòng. Hôm nay tạm nghỉ bước gian nan. Trong lúc gần xa pháo nổ ran. Rũ áo phong sương trên gác trọ. Lặng nhìn thiên hạ đón xuân sang. Ta thấy xuân nồng thắm khắp nơi, Trên đường rộn rã tiếng đua cười, Động lòng nhớ bạn xuân năm ấy. Cùng ngắm xuân về trên khóm mai. Lòng ta tha thiết đượm tình yêu, Như cảnh trời xuân luyến nắng chiều, Mắt lệ đắm trông miền cách biệt, Phút giây chừng mỏi gót phiêu lưu... Cát bụi tung trời -- Đường vất vả Còn dài -- Nhưng hãy tạm dừng chân, Tưởng người trong chốn xa xăm ấy Chẳng biết vui buồn đón xuân? THẾ LỮ (1937) Voici la traduction de THÂN TRỌNG SƠN INSTANTS D'ÉMOTION Vous choisissez votre chemin, je prends le mien, De notre attachement, il ne reste plus rien. Sans aucun espoir de nous réunir encore, À quoi bon, aux adieux, nous tourmenter alors ? Notre patrie attend vos pas d’aventurier Et on entend quelque part le chant des guerriers. D’un cœur éthéré, oubliant tous mes chagrins, Je vous reconduis aux lieux de danger sans fin. Le chemin vous ouvre des nouveautés du pays, Votre volonté s’expose aux intempéries, Vous qui avez voué votre vie aux aventures Oublieriez sans regret cet amour si pur ! Contemplant les nuages, quand vous vous arrêtez Sur la berge d’une rivière désertée, Un soir d’automne frissonnant de premiers froids, Vous penserez, même pour un instant, à moi. Voulez-vous bien croire que votre amie d’antan, Quoique captive en sa geôle depuis lontemps, Suit par son âme votre dur itinéraire Et compte chaque pas que vous avez à faire ! Aux adieux tu m’as dit des mots encourageants, Est-ce pour m’épargner un départ déchirant ? Mais les sanglots trahissent ton cœur affligé Je comprends ta peine, tu ne peux la cacher. Tu étais appuyée contre un abricotier, Rabaissant une branche chargée de rosée Tu agrippais ta tunique au vent et souriais En disant que les fleurs, à ta place, pleuraient. Puis ce fut le silence qui tomba brusquement, À mon départ on s’était regardés calmement, Pourtant à cet instant de fausse indifférence On sentit que serait trop longue la souffrance. Poursuivant ma carrière depuis tant d’années, Exposant aux vents mes cheveux ébouriffés, Très rarement j’ai pu songer au temps jadis, Laissant mon âme rêver à ma douce amie. J’aimerais bien maintenir mon cœur refroidi, Des liens passés, nullement je ne m’en soucie, Et pourtant je me sens malgré moi empêtré Par la souvenance d’un amour réprimé. Aujourd’hui au cours d’un repos momentané, Entendant tout autour les pétards crépiter, D’un logis, éludant les épreuves du temps, Je regarde les gens accueillir le printemps. Avec quel éclat le printemps partout se voit ! Sur les routes résonnent les rires de joie, Et je pense, ému, à toi qui, ce printemps-là, Admirais les fleurs d’abricotier avec moi. Mon cœur déborde encore d’un amour ardent Comme les lueurs du ciel au soleil couchant. Et l’idée de te voir m’a inondé de larmes Si bien que je pense même abandonner la marche. Mon trajet est encore long et fatigant, Je veux prendre cette halte pour le moment Pour penser à l’amie dans son coin éloigné Que je ne sais heureuse ou toujours chagrinée. Traduction de THÂN TRỌNG SƠN (Juin 2009) Ci-dessous, ma traduction : Il y a des moments où votre ferme volonté s'efface pour laisser l'émotion prendre le dessus et vous ramener vers le passé, réveillant ainsi les souvenirs profondément enfouis. Comme un moment de faiblesse où tout n'est que pure sensation... Minh Châu UN INSTANT...LE COEUR S'ÉMEUT Nos chemins se sont séparés, Va-t-en de ton côté Et moi, de l'autre. Entre nous, c'est tout. Comme on a décidé, Plus de réunion à espérer, C'est pour toujours. Pourquoi nous tracasser Au moment des adieux. La Patrie attend tes pas d'aventurier. Quelque part, écoute, on dirait Le chant du guerrier. Le coeur léger, Sans aucun regret, Je t'ai accompagné Ton idéal encouragé Aux quatre vents dispersé Tu t'es éloigné, Tout réjoui de voir Des paysages différents Quelques routes lointaines. Ta volonté aidant Pluie, soleil...Accommodé dorénavant. À l'esprit d'un aventurier Plus le moindre désir, Semble-t-il, Pour retenir Tout lien d'amour. T'arriverait-il un jour En regardant quelque nuage passer, Un soir d'automne, La bise soufflant son air froid À un arrêt, au bord d'un fleuve lointain, De penser à mon amour pour toi, Ne serait-ce l'espace d'un instant ? Imagine ton amie en captivité : Une pénible situation. Et malgré, Toujours te suivre de près, Toi, l'infortuné. Toujours aux aguets, Tes pas à chaque fois comptés. Tu as joué franc jeu Avec tes paroles d'adieu Pour moi, voilà ce que tu veux : Jamais de coeur déchiré Mais c'est le tien qui a encore sangloté Ta tristesse, je l'ai devinée Tu ne pourras me le cacher. Tu étais là, adossée Au tronc du cerisier. La branche où tu t'es appuyée Empreinte encore de rosée. Et tes larmes Ou des fleurs tombées Tout en souriant Le pan de ta tunique se soulevant Suivant l'humeur du vent "Ces fleurs ont pleuré À ma place", as-tu confié. Et tout brusquement Plus aucune joie. Le silence s'est installé Entre nous deux. On s'est quitté, Les yeux dans les yeux, Calmement. Mais en cet instant De fausse indifférence Rupture et ressentiment Déjà prononcés pour l'éternité. À l'appel du devoir depuis cinq années, Les cheveux décoiffés, Par le vent soufflant de quatre côtés. Parfois, assez désemparé Pour retourner vers le passé Et en pensée, y retrouver L' amie au pays, autrefois laissée. Froid, mon coeur doit le rester Suivant ma volonté Et, mis de côté L'amour du passé, Le regard droit devant fixé. Pourtant le parfum d'amour Flotte encore quelque part Dans le coeur, le même attrait. Aujourd'hui faisant halte au pénible périple, Au milieu des crépitements de pétards, Tout près ou au loin. Toute épreuve mise à l'écart, De la mezzanine louée, J'ai assisté en silence Au Nouvel An des autres. Partout, le Printemps si éblouissant, sous mes yeux Et les rires aux éclats, dans les rues Ont ravivé les souvenirs Avec mon amie ce printemps-là Ensemble, on a accueilli Le Printemps et, son arrivée Au-dessus des branches de cerisiers. Mon coeur rempli d'amour Comme un ciel printanier Si attaché Aux rayons du coucher Les yeux larmoyants déjà Devant la distance qui nous a séparés L'instant critique pour faire hésiter Les pas d'un aventurier... Nuage de sable et de poussière Et tout un ciel troublé Difficile et longue route encore à faire Mais là, on va s'arrêter. Je vais penser à l'amie, dans son coin éloigné Triste ou ravie d'accueillir, nul ne le sait, Ce vent printanier. Traduction de Minh Châu Nguyễn Thị Minh Châu |
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