1972 : Une année marquante. Décisive pour nos destins.

Une génération de sacrifiés, la nôtre. Des jeunes envoyés à la mort au rythme effréné des besoins de la guerre. Une guerre sans merci. Une armée exsangue. Un régime en pleine agonie. Notre liberté menacée. Le tout orchestré de loin par des politiciens étrangers, censés être nos Alliés.

Sur ordre de mobilisation générale, me voilà engagé, futur officier de l’ARVN (l’Armée de la République du Viet Nam - en vietnamien : VNCH).

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Mon père, ce patriarche

J’adore mon père mais mon enfance rebelle m’a rendu quelque peu amer, une fois devenu adulte.

Imaginez un garçon à peine sept ans envoyé de pensionnat en pensionnat, loin de sa famille, enfermé dans sa solitude et malheureux à chaque période de fêtes ou de congés scolaires, oublié et délaissé dans l’enceinte de ces murs. Ce pauvre gamin qui comptait les jours en espérant chaque fin de l’année scolaire pour rentrer à la maison. Ma mère me manquait terriblement et je pleurais souvent en pensant à elle.

Moi, l’éternel vagabond

Je n’ai jamais compris ce désir paternel de me changer d’école chaque année. On dirait qu’il voulait trouver le meilleur établissement pour me casser ou me rendre plus docile. L’effet escompté ne s’étant pas produit, cette éducation à la dure n’a fait que provoquer ma révolte, de plus en plus forte à mesure que je grandis.

Mes frères d’armes

Je les ai rencontrés à mon entrée à « Giu Sê Nghĩa Thục », « La Salle Bá Ninh », avant mon admission au Collège Français.

Le héros qui meurt deux fois

H. un de mes nouveaux amis qui, comme tant d’autres, plus tard, au Collège Français, a partagé avec moi les meilleurs moments de notre tendre âge. Officier de l’Armée de Terre, mort à cause d’une trahison de plusieurs des nôtres, des soldats sans scrupules. Dès la libération de son poste, on a récupéré son corps pour le ramener en ville, auprès des siens. Lors de l’attaque du convoi, son cercueil a explosé, le tuant une seconde fois. Un si cruel destin !

Les hommes de l’Artillerie

P. intelligent et brillant élève, il suscitait toujours mon admiration, même après notre engagement dans l’armée, au cours de cet « Été de feu et de sang » (Mùa hè đỏ lửa 1972), lui dans l’Artillerie et moi, dans l’Armée de Terre.

Une fois sélectionné et après la formation requise, P a pu prouver son talent en tant qu’artilleur. Il savait évaluer de façon précise chaque coup de tir rien qu’en regardant le point d’origine d’une attaque ennemie et de chute de l’impact, pour lui renvoyer la balle !

Les Forces Spéciales

Quant à notre camarade N., il a suivi un entrainement intensif pour devenir un homme- grenouille, membre de l’élite, les SEAL (Sea, Air And Land) version vietnamienne.

TDD