Enseignant retraité, monsieur Jean Faure a longtemps exercé en Extrême-Orient. Il est le fondateur et le premier Directeur du Collège Français de Nha-Trang au Vietnam. Il aura 100 ans le 20 septembre 2015. Il séjourne à l'Ehpad de la rue André Chénier à Limoux dans l'Aude.

Instituteur de formation, il fut d'abord nommé en Normandie, dans le pays d'Ouche (1) («chez les Oustachis», dit-il, avec une pointe d'humour). A Rugles, plus précisément, Il fut l'instituteur de l'Ecole de garçons pendant 12 ans. Envoyé en 1948 en Indochine, il eut bientôt pour mission de fonder une Ecole Française, puis un Collège Français à Nha-Trang, ville côtière de la mer de Chine, à 500 km environ au nord de Saigon. Là où il n'y avait que du sable, Il fit construire les bâtiments, fit planter des arbres, recruta des enseignants vietnamiens et français, ces derniers venant de métropole. C'était un magnifique jardin à deux pas d'une plage qui s'ouvrait sur la baie, face aux îles, sur la mer de Chine. On y enseignait portes et fenêtres ouvertes. Jusqu'en 1966, il en fut le directeur, et il y ouvrit année après année des classes de collège et même de lycée. Il développa des méthodes d'apprentissage du Français adaptées à la population vietnamienne, méthodes qui furent largement appliquées ensuite à tous les établissements français du Vietnam. Le contenu de ces livres de la méthode Anh et Nuyet en famille fut diffusé par les radios locales.

En 1954, la défaite française de Dien Bien Phu, et les accords de Genève qui suivirent, entérinèrent la séparation en deux Vietnam, du Sud, et du Nord. Aussi le Collège de Nha-Trang devait-il revenir à l'administration vietnamienne, mais les parents d'élèves vietnamiens avaient manifesté tant et si bien que l'établissement resta Collège Français (relevant du Ministère des Affaires Etrangères). Il prospéra pendant une trentaine d'années et de nombreux bacheliers purent ensuite suivre leur scolarité à l'étranger. Le Collège fut fermé après la chute de Saigon, en 1975, il y a exactement 40 ans, provoquant la dispersion des élèves et des enseignants. Les bâtiments ont été transformés et abritent aujourd'hui une Ecole de Formation des Maîtres. Mais ce Collège vit toujours dans le coeur ceux qui l'ont fréquenté et en particulier M. Faure. Par sa prestance et sa rigueur souriante, il était devenu la figure tutélaire de cet établissement dans lequel il organisait de nombreuses fêtes et remises de prix.

De nombreux élèves vietnamiens et des professeurs sont restés fidèles à Monsieur Faure et ils continuent de témoigner leur affection et à lui envoyer des messages. Ils sont nombreux, ces anciens élèves, restés au Vietnam ou installés depuis leur exil forcé en Europe, au Canada, en Australie, aux Etats-Unis, etc. à lui rendre visite ou à lui envoyer des courriers ou des courriels; mais hélas l'usage de l'ordinateur est devenu difficile depuis peu à notre centenaire.

A son retour en France en 1965, M. Faure s'est installé à Limoux, pays d'origine de son épouse, et s'est fait connaître comme écrivain régional. Son roman le plus marquant, Le Fils du radelier, raconte l'histoire véridique des radeliers, c'est-à-dire celle des hommes qui guidaient les troncs d'arbre abattus dans les forêts proches, jetés dans l'Aude et rassemblés en radeaux. Ces hommes au métier dangereux amenaient leur cargaison flottante jusqu'à Trèbes où elle était ensuite chargée sur les péniches du canal du Midi. Mais c'est aussi le récit des efforts de la population de St-Martin Lys; sous la férule de leur curé, les habitants de ce petit village, isolé et coincé au milieu des gorges, ont creusé la roche des falaises pour aménager un sentier qui longe l'Aude dans le défilé, voie qui devait les relier à Limoux ou à Quillan, sans être contraints de gravir les montagnes escarpées et dangereuses des alentours. Le défi fut couronné de succès après de longues années de travail acharné. Auparavant, M. Faure avait écrit un autre roman, Montmore, et avait publié des nouvelles dans des revues littéraires locales.

A l'occasion de cet anniversaire de M. Faure, certains de ses élèves et professeurs viendront lui rendre hommage à l'Ehpad et perpétuer le souvenir de cette aventure qui consistait à diffuser la langue et la culture française au Vietnam.

Il se trouve, quelle coïncidence!, que c'est le pays où résident les Vielle, pays de naissance de Claudette. C'est aussi dans cette coin de Normandie qu'a eu lieu le beau rassemblement de septembre 2014. Claudette et Daniel Vielle ont séjourné au Vienam du Sud pendant les années scolaires 1971-1973. Ils sont venus saluer M. Faure à Limoux, il y a deux semaines.

Baziège, dimanche 27 septembre 2015

Roland Egensperger,

ancien professeur du Collège Français de Nha-trang (1970-1972)

Avec la collaboration de Malika, de Claudette et Daniel Vielle

à qui Monsieur Faure a lui-même fourni de nombreuses précisions

lors de notre visite le 3 septembre 2015 à son Ehpad de Limoux.

Monsieur Jean Faure est aussi écrivain.  Attaché à la terre d'Oc dont il est originaire, il a déjà publié Montmore (1991), roman pour lequel il a reçu le prix de l'Académie des Jeux Floraux. Il prépare actuellement un recueil de contes du terroir.

Le Fils du radelier, Atelier du Gué, éditeur, 2001, Quatrième de couverture 

Les cours d'eau ont toujours offert une route idéale périlleuse pour le flottage des bois dont étaient chargés les radeliers, en occitan les carrassiers. Plus de mille radeaux partaient chaque année d'Axat, dans la Haute-vallée de l'Aude, pour suivre le fleuve jusqu'à Trèbes et le canal du Midi, sur lequel les troncs étaient embarqués. De cette intense activité, il ne reste aujourd'hui plus trace. C'est sous la forme romancée que Jean Faure a voulu la faire revivre.

Janet, dont l'enfance s'est déroulée entre Saint-Martin Lys et Quillan, va effectuer avec son père, le radelier Sabatou, la longue descente, depuis la coupe des arbres, jusqu'aux traversées d'Espéraza, Couiza, Alet, Limoux ... 

L'étape à l'auberge de Rouffiac réservera bien des surprises. La découverte de Carcassonne, l'arrivée à Trèbes marqueront l'entrée dans un autre monde. Au fil des rencontres et des événements, se dessine le portrait d'une époque agitée, immédiatement antérieure à La Révolution, avec ses personnages simples et savoureux. Pour Janet, qui passe de l'enfance à l'âge adulte, c'est un voyage initiatique. Respectueux de l'Histoire, l'auteur a fait de ce périple le roman d'une belle et grande aventure.

Anecdote

Monsieur Faure utilisait un très vieux ordinateur pour écrire ses textes et livres. En 2011 les anciens élèves ont constitué une cagnotte pour lui offrir un nouvel outil plus performant et plus agréable à utiliser.

Et c'est Roland Egensperger qui s'est chargé de l'achat et de l'installation du pc. Ci-dessous est la lettre de remerciement de monsieur Faure.