A ma naissance, j'étais Française, donc d'ancêtres Gaulois par principe ! Mais élevée dans les traditions Viêt, d'où mon origine mi-dragon & mi-fée, d'après nos légendes. Il paraît que le couple Lac Long Quân et Âu Co ont eu cent garçons par une couvée de cent oeufs . Et pourquoi que des garçons, me suis-je dit ? A cause de notre droit d'aînesse hérité seulement par les garçons ? Hum hum ! Pas drôle du tout! Et puis, pourquoi un couple de nature différente : un homme moitié dragon uni à une fée pondeuse d'oeufs (Et qui les a couvés ? Sûrement pas la mère, à mon avis ! Je vois mal une femme - aussi féérique soit-elle - en train d'accomplir cette tâche , mais plutôt le dragon à sa place : Chiche , le monde à l'envers pour une fois !) . Donc, à cause d'une vie commune impossible pour cause d'incompatibilité - d'humeur sans doute - Lac Long Quân a quitté sa femme avec cinquante fils et chacun devait élever ses enfants dans de nouvelles contrées - montagne ou mer . Un "divorce" qui a coûté cher à leurs descendants depuis : La race Viêt n'a vécu que des séparations entre fratrie : Nord-Sud puis Viêt Kiêu (expatriés) et Viêtnamiens (habitants) depuis 1975 ! Un mystère réside quand même dans cette histoire : Et ces garçons ont-ils fait comment pour avoir des enfants à leur tour ? Le peuple devait avoir des mélanges de races, pour n'avoir de nos jours que des humains à 100% !!! Ha ha ! A l'école, comme tous les enfants Vietnamiens , j'ai appris sur nos origines (de surhommes) mi-dragon & mi-fée. Mais je n'y croyais pas trop, tout comme l'histoire d'Adam et d'Eve ! Le monde a commencé avec un couple. Ils ont mis au monde des enfants, mais avec qui ont-ils fondé des familles plus tard ? A moins de commettre le péché entre eux ??? Enfin, j'ai la possibilité de choisir entre Astérix & Obélix les Gaulois, buveurs de potion magique ou les cent oeufs mythiques comme étant mes origines. Ma langue natale est le vietnamien, mais bizarrement il paraît que dans mes rêves, je n'ai parlé qu'en français, d'après ma famille ! Tout ce dont je suis sûre c'est que mon coeur a toujours appartenu à ce beau pays de quatre mille ans de culture, terre de mes ancêtres, celle qui m'a nourrie depuis ma naissance : gạo nàng Hương (riz de Dame aux parfums, nước mắm Phan Thiết (saumure de Phan Thiết)... Je me rappelle encore des moments passés à côté de ma mère, à la regarder choisir le riz d'après son parfum, à admirer la belle couleur d'une sauce de nước mắm en transparence , grâce à la lumière du soleil .... Ma jeunesse était bercée par des chansons de Trịnh Công Sơn : " Mẹ dạy cho con tiếng nói quê hương Mẹ nhìn con đi phút giây bàng hoàng Mẹ ngồi ru con đong đưa võng buồn đong đưa phận mình Mẹ ngồi ru con nghe đất gọi thầm trọn nợ lưu vong Mẹ ngồi trăm năm như thân tượng buồn để lại quê hương ..." « La Mère lui apprend la langue natale Et en désarroi, elle le regarde la quitter. Une mère assise berce son enfant Elle balance son hamac tristement Et pense à son destin cahotant Une mère assise berce son enfant Et la terre lui rappelant doucement Sa dette d’exilée. Assise là depuis cent ans, Triste. Comme une statue, Son pays, derrière, ayant laissé ». Mon pays a beaucoup changé depuis et chaque retour est une vraie redécouverte, comme le cas de cette jeunesse grandissant à l'étranger et n'ayant jamais connu la Mère Patrie dont les sentiments se sont exprimés à travers cette magnifique chanson écrite par Marc Lavoine pour la chanteuse belge Pham Quynh Anh : Raconte-moi ce mot étrange et difficile à prononcer Que je porte depuis que je suis née. Raconte-moi le vieil empire et le trait de mes yeux bridés, Qui disent mieux que moi ce que tu n’oses dire. Je ne sais de toi que des images de la guerre, Un film de Coppola et des hélicoptères en colère. Un jour, j’irai là-bas, un jour dire bonjour à ton âme Un jour, j’irai là-bas te dire bonjour, Vietnam. Raconte-moi ma couleur, mes cheveux, et mes petits pieds, Qui me portent depuis que je suis née. Raconte-moi ta maison, ta rue, raconte-moi cet inconnu, Les marchés flottants et les sampans de bois. Je ne connais de mon pays que des photos de la guerre, Un film de Coppola et des hélicoptères en colère. Un jour, j’irai là-bas, un jour dire bonjour à mon âme. Un jour, j’irai là-bas te dire bonjour, Vietnam. Les temples et les Bouddhas de pierre pour mes pères, Les femmes courbées dans les rizières pour mes mères, Dans la prière, dans la lumière, revoir mes frères, Toucher mon âme, mes racines, ma terre. Un jour, j’irai là-bas, un jour dire bonjour à mon âme. Un jour, j’irai là-bas te dire bonjour, Vietnam. Te dire bonjour, Viêt-Nam. Minh Châu |
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