Menteur comme un soutien-gorge



Menteur comme un arracheur de dents



Les temps changent…


Tout change, à une vitesse vertigineuse, à tel point qu’on ne comprend plus certaines expressions.


Pourquoi dit-on « menteur comme un arracheur de dents », à votre avis ? Regardez la photo et mettez-vous à la place du client dont les promesses d’une opération indolore de l’arracheur de dents ne rassuraient point.


Dans les années 50, on ne connaissait pas de dentiste à la maison, notre mère se débrouillait toujours sans, comme une vraie sadique, tantôt avec ses doigts, arrachant d’un geste décidé la dent déjà fort branlante, tantôt grâce au battant d’une porte et au mince fil attaché à la dent récalcitrante. « Ça ne te fera pas mal, ouvre ta bouche, s’il te plaît… ». En tant que victime et témoin aujourd’hui, je peux vous confirmer la véracité de cette expression « menteur comme un arracheur de dents ».


Aucun dentiste n’arrive à nous berner aussi facilement maintenant, n’est-ce pas, avec sa fraise, cet instrument de torture !


 


Si l’expression « menteur comme un arracheur de dents » ne vous convient plus, en voilà une autre :

« menteur comme un soutien-gorge ».


Et que dit le dictionnaire des expressions en ligne ? « Menteur comme un soutien-gorge » signifie tout simplement : très menteur. Messieurs, vous êtes prévenus !



Chez nous, en vietnamien : « Nói dối như cuội » : Mentir comme Cuội, le petit compagnon de Dame la Lune là-haut dans le ciel, personnage de conte pour enfants.


D’après la traduction de Google : « Nói dối như cuội » veut dire « allongé comme un caillou » ????, d’où même traduction sur certain site, « mentir comme un caillou » !!!



ou « Nói dối như vẹm » : Mentir comme un communiste.


Traduction de Google et sur certain site « Nói dối như vẹm » signifie « Mentir comme une moule » !!!



Les arracheurs de dents, ces charlatans ont disparu, comme tant d’autres vieux métiers.


Le vitrier par exemple


Je me rappelle les paroles de la chanson « Encore un carreau cassé » qu’on a tant de fois écoutée dans l’enfance :



Encore un carreau d'cassé !

V'là l'vitrier qui passe

Encore un carreau d'cassé !

V'là l'vitrier passé


V'là l'vitrier, v'là l'vitrier, v'là l'vitrier qui passe

V'là l'vitrier, v'là l'vitrier passé


D’ailleurs, Jacques Prévert dans « La chanson du vitrier » a cité quelques métiers : bûcheron, menuisier, marchande de fleurs, allumeur de réverbères, cordonnier, cireur, rémouleur, coiffeur, marchand d’oiseaux.



L’allumeur de réverbères, avant sa disparition définitive de Paris, avait joué un rôle vedette -

l’unique habitant de la Cinquième Planète - au chapitre 14 du livre « Le petit prince » d’Antoine de Saint-Exupéry :

Son travail a un sens : Quand il allume son réverbère, c'est comme s'il faisait naître une étoile de plus, ou une fleur. Quand il éteint son réverbère ça endort la fleur ou l'étoile. C'est une occupation très jolie. C'est véritablement utile puisque c'est joli.


 

Paris, 1905 1950 : Le dernier allumeur de réverbères


Le Petit Prince a vu le jour en 1943 à New York. 75 ans déjà et toujours autant de séduction auprès du public du monde entier. Un vrai phénomène. Et ce conte philosophique a connu beaucoup de succès auprès des jeunes en dessin animé, une série de 80 épisodes, diffusée dans 70 pays.



La cinquième planète était très curieuse. C'était la plus petite de toutes. Il y avait là juste assez de place pour loger un réverbère et un allumeur de réverbères. Le petit prince ne parvenait pas à s'expliquer à quoi pouvaient servir, quelque part dans le ciel, sur une planète sans maison, ni population, un réverbère et un allumeur de réverbères. Cependant il se dit en lui-même:


- Peut-être bien que cet homme est absurde. Cependant il est moins absurde que le roi, que le vaniteux, que le businessman et que le buveur. Au moins son travail a-t-il un sens. Quand il allume son réverbère, c'est comme s'il faisait naître une étoile de plus, ou une fleur. Quand il éteint son réverbère ça endort la fleur ou l'étoile. C'est une occupation très jolie. C'est véritablement utile puisque c'est joli.


Lorsqu'il aborda la planète il salua respectueusement l'allumeur:



- Bonjour. Pourquoi viens-tu d'éteindre ton réverbère ?


- C'est la consigne, répondit l'allumeur. Bonjour.


- Qu'est-ce que la consigne ?


- C'est d'éteindre mon réverbère. Bonsoir.


Et il le ralluma.


- Mais pourquoi viens-tu de le rallumer ?


- C'est la consigne, répondit l'allumeur.


- Je ne comprends pas, dit le petit prince.


- Il n'y a rien à comprendre, dit l'allumeur. La consigne c'est la consigne. Bonjour.


Et il éteignit son réverbère.


Puis il s'épongea le front avec un mouchoir à carreaux rouges.


- Je fais là un métier terrible. C'était raisonnable autrefois. J'éteignais le matin et j'allumais le soir.

J'avais le reste du jour pour me reposer, et le reste de la nuit pour dormir...


- Et, depuis cette époque, la consigne a changé ?


- La consigne n'a pas changé, dit l'allumeur. C'est bien là le drame ! La planète d'année en année a tourné de plus en plus vite, et la consigne n'a pas changé !


- Alors? dit le petit prince.


- Alors maintenant qu'elle fait un tour par minute, je n'ai plus une seconde de repos. J'allume et j'éteins une fois par minute !


- Ça c'est drôle ! Les jours chez toi durent une minute !


- Ce n'est pas drôle du tout, dit l'allumeur. Ça fait déjà un mois que nous parlons ensemble.


- Un mois ?


- Oui. Trente minutes. Trente jours ! Bonsoir.


Et il ralluma son réverbère.


Le petit prince le regarda et il aima cet allumeur qui était tellement fidèle à la consigne. Il se souvint des couchers de soleil que lui-même allait autrefois chercher, en tirant sa chaise. Il voulut aider son ami:


- Tu sais... je connais un moyen de te reposer quand tu voudras...


- Je veux toujours, dit l'allumeur.


Car on peut être, à la fois, fidèle et paresseux.


Le petit prince poursuivit:


- Ta planète est tellement petite que tu en fais le tour en trois enjambées. Tu n'as qu'à marcher assez lentement pour rester toujours au soleil. Quand tu voudras te reposer tu marcheras... et le jour durera aussi longtemps que tu voudras.


- Ça ne m'avance pas à grand'chose, dit l'allumeur. Ce que j'aime dans la vie, c'est dormir.


- Ce n'est pas de chance, dit le petit prince.


- Ce n'est pas de chance, dit l'allumeur. Bonjour.


Et il éteignit son réverbère.


Celui-là, se dit le petit prince, tandis qu'il poursuivait plus loin son voyage, celui-là serait méprisé par tous les autres, par le roi, par le vaniteux, par le buveur, par le businessman. Cependant c'est le seul qui ne me paraisse pas ridicule. C'est, peut-être, parce qu'il s'occupe d'autre chose que de soi-même.


Il eut un soupir de regret et se dit encore:


- Celui-là est le seul dont j'eusse pu faire mon ami. Mais sa planète est vraiment trop petite. Il n'y a pas de place pour deux...


Ce que le petit prince n'osait pas s'avouer, c'est qu'il regrettait cette planète bénie à cause, surtout, des mille quatre cent quarante couchers de soleil par vingt-quatre heures !


Mais d’où viens-tu, ô allumeur de réverbères ?


1318 : Le roi de France Philippe V le Long avait enjoint (par ordonnance royale) au greffier du tribunal de Paris de veiller à l’éclairage à la porte du Châtelet, afin d’empêcher les malfaiteurs d’opérer sur la place la plus fréquentée de la capitale.


A cette époque, on comptait une quinzaine de meurtres chaque nuit et les cadavres étaient ramassés par le guet royal.


Un service payant fut alors proposé aux Parisiens :


Chaque lanternier ou lampadophore portait à sa ceinture un sablier d'une demi-heure, marqué aux armes de la ville et accompagnait le bourgeois en l'éclairant à l'aide d'un flambeau de cire divisé en dix tranches, chaque tranche consumée valant cinq sols, ou à l’aide d’une lanterne à huile.


En 1667, l'éclairage public fut très nettement amélioré avec 6 500 lanternes garnies de chandelles dans Paris.


Les rues à peu près sûres en hiver, ne l'étaient plus du tout dès le printemps (les lumières n'étant allumées que 4 mois par an) et les Parisiens devaient se contenter de la clarté des étoiles, la nuit.


Quiconque aurait brisé ces lanternes s’exposerait à la peine des galères.


Dès 1763, Paris disposait de 3 600 réverbères à huile.


Dix ans plus tard, sur 8 000 lanternes, 4 200 étaient à réverbères, c'est-à-dire hissées au milieu des rues à 5 mètres de haut et séparées de 60 mètres les unes des autres.


En 1829, la rue de la Paix s’était éclairée avec le système du gaz hydrogène carburé de Philippe Lebon.


La lampe à incandescence n’a fait son apparition qu’en 1920, provoquant ainsi la disparition des allumeurs de réverbères en 1950. On dénombrait 48 000 points lumineux environ dans la capitale à partir des années 60.






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