Une belle métisse au corps de rêve malgré sa petite taille. Ses cheveux blonds longs et bouclés attachés en queue de cheval et qui lui tombaient sur les épaules me fascinaient, trouvant les nôtres (cheveux longs ou cheveux courts) noirs et raides à côté. Avec ses tenues à la mode, elle attirait les regards à l’école. Bien que son père fût Français, Monique était loin de maîtriser la langue paternelle. On fréquentait la même classe, avec Mr Mondolini comme professeur. Assise derrière moi en classe, un courant de sympathie passait entre nous et je la suivais partout, allant souvent chez elle. Un jour, à l’école, elle portait un maillot en coton avec de gros trous – qui lui arrivait à mi-fesses et une mini jupe bien serrée, dévoilant ses cuisses bien dodues. Son côté sexy ressortait plus encore à côté des filles vietnamiennes graciles dans leur tenue traditionnelle « áo dài ». A l’époque, c’était la mode des jeunes hippies dans les revues américaines, on le voyait bien. Mais ça détonnait chez nous et mes copines la regardèrent comme une bête curieuse! Il y avait de quoi, on vit son soutien-gorge à travers les mailles et elle avait une forte poitrine déjà la fille! A mes yeux, elle était une camarade souriante, agréable et gentille. Vu son physique, elle sortait plutôt de l’ordinaire, même les femmes (épouses des professeurs par exemple) devaient la remarquer, alors ne parlons pas des hommes. De Xóm Mới, elle venait à l’école à bicyclette. Consciente des regards des Vietnamiens et même des professeurs Français, elle se montra embarrassée dès son arrivée et choisit vite la place près de moi. Selon ses confidences, elle était enfant gâté et son père lui donnait ce qu’elle voulait. Elle avait plein d’argent de poche et m’invitait souvent à déjeuner. Un jour, son père - devant partir en mission à Sai Gon- avait demandé à Mr William Manzano, son copain, de l’héberger pendant son absence, pour être plus près de l’école. En rentrant avec elle chez Mr Manzano (sa villa d’architecture française juste devant le lycée Võ Tánh) chercher ses affaires, avant d’aller à la plage, je vis celui-ci assis dans un fauteuil en train d’écouter la chanson « Yesterday ». Notre professeur absent pour une journée, son épouse prit sa place. On n’avait pas de cours, juste une animation et elle nous proposa de chanter, histoire de nous occuper un peu. C’était Monique, la seule qui eut le courage de le faire. Et comme une pro, elle nous avait subjugués avec « La plus belle pour aller danser ». A tel point que Mme Mondolini l’avait bissée, rien que pour son plaisir. Un beau jour, elle ne vint plus en classe et depuis, plus de nouvelles. Son nom de famille? Je l’ignore complètement. Impossible de la retrouver! Dans ma mémoire, j’ai gardé encore le souvenir de ses traits: de grands yeux, des dents blanches quand elle souriait. Et on riait beaucoup ensemble. Ma chère Monique, je voulais te dire aujourd’hui que ton amitié m’était précieuse et que tu es toujours là, quelque part, au fond de moi, dans les dédales du passé. Lê Thị Lam Sơn |
© cfnt, Collège Français de Nha Trang