« Hello, boom boom » ...
Hey, Jean-François Hartmann!


Années 60. Un enfant de la province de Khánh Hòa, Lâm Văn Tức alias Vénérable Thích Quảng Đức, bonze célèbre pour s’être immolé par le feu le 11 juin 1963 à Sài Gòn, en signe de protestation contre la répression anti-bouddhiste du gouvernement. Une situation vite détériorée avec la vague continue des manifestations, en partie à cause de Madame Nhu, la « première Dame », qui parlait avec désinvolture de « barbecue », scandale qui fut fatal pour toute sa famille: Un coup d’Etat de l’armée qui renversa le régime impopulaire et autoritaire de Diệm.


Alors en visite aux États-Unis, « Madame Nhu » apprit la nouvelle de l’assassinat du président et du coup d’État, et suspecta immédiatement les États-Unis. Elle dit plus tard: «Whoever has the Americans as allies does not need enemies. » («Quiconque a les Américains comme alliés n'a pas besoin d'ennemis»).


Voilà un petit résumé de l’Histoire avant d’entrer dans mon récit:


C'était ma première année au CF, en 7ème Spéciale sous la direction de Mme Fredon.  

En classe, souvent nerveuse quand j’étais interrogée par le professeur, car je ne prêtais pas assez d’attention aux cours.


J'avais essayé de faire mon mieux, mais dès que mon père partait en voyage, ma mère me délaissait maintes fois - sans contrôler mes devoirs du soir - d’où les résultats jugés peu satisfaisants par mon père à chaque retour.


Le directeur Mr Faure étant encore là, ça devait être en 1965. Je voyais donc souvent Jean-François Hartmann sur son vélo qui tournait en rond sur le trottoir, devant  l'école et aussi dans la cour de l'école.  A l'époque, devant notre entrée principale, il y avait un grand building où on voyait des Américains à l’étage. La rue était encore bordée de grands arbres aux feuillages épais.  


Entendre, un jour, de la bouche d’un jeune Français ces mots vietnamiens " Đả đảo cách mạng », il y avait de quoi vous surprendre devant sa totale maîtrise de notre langue. Déjà politiquement engagé, impliqué dans notre vie, comme un enfant du pays. Bravo, jeune homme!


Les Américains étaient partout dans la ville.  On voyait les GI se balader le soir, dont un avec son boombox – radio-cassette sur les trottoirs de ma rue Độc Lập. Un jour, un groupe de GI en uniformes et parmi eux, un homme qui étonnait par sa petite taille à côté des autres. Ce détail ne passa pas inaperçu des gamins qui aimaient traîner là. Ils lui couraient après pour l’embêter. Ma distraction favorite, à l’époque, c’était les événements quotidiens, des scènes de rue et c’était ainsi que j’allais enrichir ma didactique d’anglais par quelques mots d’argot – le slang des GI- grâce aux enfants des rues.


Après les cours, j'attendais devant la porte d'entrée que quelqu’un vint me chercher. Et alors le voilà, JFH qui venait tourner avec son vélo devant moi.  Je courais après lui en criant " Hello, boom boom ». Du coup, une fois, il s'arrêta, faisant demi tour, vers ma direction. Et " Boom",  il me tapa sur la tête. L’air sérieux, car il ne souriait pas. Puis, il repartait.


Depuis ce fâcheux incident, chaque fois que je l’apercevais dans la cour de l'école, je détournais ma tête. Il savait maintenant que la petite qu'il avait tapé dessus était la petite soeur d'une copine de sa classe. JFH en pinçait pour ma grande sœur. Il lui écrivait des tas de lettres d'amour qu'elle gardait dans une boîte.  Je n’en lisais pas toutes, car c'était tâche ardue pour une débutante en français comme moi, mais je me souviens qu'il commençait toujours ses lettres avec:"Ma chère vieille…".


Un ou deux ans après, il quitta l'école, retournant en France et sa sœur Caroline était restée seule avec son père.  


Plus tard, j’ai appris ce que voulait dire "Hello boom boom" en réalité!!!


Lê Thị Lam Sơn



© cfnt, Collège Français de Nha Trang