Visite de Roland Egensperger
chez monsieur Faure à Limoux


Ce lundi 21 février, je me suis donc rendu à Limoux, à l'ouest de Carcassonne, où j'ai pu rencontrer M. Jean Faure. Il habite dans une des rues principales du centre ancien de Limoux. Depuis la rue, elle paraît très étroite, mais elle est toute en profondeur et en étages. Il m'a reçu dans son salon, au rez-de-chaussée. Sur la commode, de nombreuses laques et souvenirs du Vietnam. Après quelques propos échangés, il m'a emmené, à travers les rues étroites de Limoux; il se proposait de m'emmener déjeuner vietnamien, mais le restaurant, très proche de son domicile, était fermé: nous étions un lundi. Ce fut encore le cas pour le suivant. Malgré ses 96 ans, il se déplace dans les rues lentement, mais sans difficulté majeure. Enfin, sur les allées de la route qui mène à Quillan, nous nous sommes arrêtés dans un bon restaurant lié à un négociant de "blanquette de Limoux", la spécialité oenologique du lieu. La maîtresse du lieu nous a placés à l'arrière du restaurant; sur le mur du fond, des peintures religieuses correspondant à un exposition (voir photos jointes). Nous avons été les derniers à quitter le restaurant.


Nous avons évoqué des souvenirs complémentaires, puisque nous ne nous connaissions pas: la période de présence au Vietnam de M. Faure s'étendait de 1948 (après le départ des Japonais) à 1966. La mienne correspondait à la période 1970-1972. Sa période correspondait à la création du Collège et à son extension; la mienne à un rétrécissement de son espace et à la perte des classes du primaire. Par contre, à son époque, les Terminales n'avaient pas encore été créées. Le projet était bien avancé mais n'a pu être réalisé que sous la direction de Pierre Hartmann, qu'il a connu en tant que professeur enseignant sous sa direction. Je lui ai appris le décès de M. et de Madame Hartmann. Il m'a dit avec émotion qu'il était sensible au fait que les anciens élèves soient restés en contact avec lui, soit par téléphone, soit par correspondance écrite, soit lors de visite à son domicile. Cette fidélité le touche beaucoup. Il a évoqué le passage d'une ancienne élève; il a regretté qu'elle soit venue quasiment "pour rien" dans la mesure où, à Limoux, il ne dispose d'aucun document relatif à sa présence à Nha-Trang en tant qu'enseignant. Tous les documents relatifs au Collège sont restés au Vietnam. Et donc, à part les écrits déjà publiés sur le site, il ne peut contribuer davantage à la constitution du "livre" sur le Collège. Ce serait dommage, ajoute-t-il, qu'il puisse y avoir un malentendu à ce sujet.


Il vit seul, sa fille et son épouse sont décédées. Il publie des livres sur le Languedoc, écrit sur un ordinateur déjà ancien mais dont le traitement de texte est suffisant pour ses tâches d'écriture. Il ne dispose donc pas d'Internet et n'est pas en mesure de suivre l'évolution du site. Les facultés intellectuelles de M. Faure sont intactes, les souvenirs sont précis; il a rappelé le succès de l'enseignement inspiré par la pédagogie de Freinet, pourtant très contestée en métropole à ce moment là. il a témoigné d'ailleurs de la complexité des situations du Collège lors des années cruciales de la décolonisation (après 1954), de la fidélité des parents d'élèves vietnamiens quant à l'enseignement français lequel n'avait jamais été remis en cause, malgré les vicissitudes des régimes politiques au pouvoir en France et au Vietnam du Sud.

 

Je lui ai fait lire le message de Thi Thuy Vo, qu'elle m'avait transmis pour lui la veille de cette entrevue. Il a remis à plus tard - à tête reposée - la lecture de son texte sur ses souvenirs d'années du Primaire à Nha-Trang. Il m'a demandé ses coordonnées pour lui répondre. J'ai quitté M. Faure vers 16h30.


Hoàng Ngũ Phúc



© cfnt, Collège Français de Nha Trang