A NHT, j'ai connu le temps où il y avait encore des Serpents qui circulaient d'une propriété à l'autre villa du bord de mer.

Mon Signe du Serpent serait-il pour quelque chose, car mon basic instinct m'a évité d'être mordu par un serpent vert caché dans un buisson près de l'entrée de l'Ecole Française des Faure où j'ai passé mes plus belles années d'écolier ( de 1948 à 1951 ).

J'ai connu le temps où chaque année des centaines de Tortues (re)venaient pondre la nuit sur la plage.

Malheur à celles qui atterrissaient vers l'institut Pasteur ou après le secteur du terrain d'aviation, car elles étaient capturées par les Vietnamiens pour finir dans leur Cuisine ...

J'ai connu un temps où pendant la première heure matinale, on pouvait discerner dans l'eau transparente de la mer, à un mètre du bord, des petites Soles que des garçons embrochaient par dizaines, ne sachant que sous leurs pieds on pouvaient ramasser des bonnes Palourdes.

J'ai connu pendant ces mêmes moments matinaux, les pêcheurs en barque qui tiraient depuis la plage, leur filet déployé en demi cercle afin de vendre rapidement les poissons sur place, puis au Marché avant les autres pêcheurs qui revenaient plus tard du large avec l'alizée soufflant dans la voile triangulaire de leur Jonque.

J'ai connu le temps, où juste avant la mauvaise saison, des gros inoffensifs Requins-pèlerins revenaient faire régulièrement pendant 2 jours, des aller-retour au large, le long de la plage de NHT, donnant l'occasion à ces " Tay " de se croire au Stand de Tir au fusil. On savait que l'un d'eux touchait sa cible, lorsque la nageoire caudale du requin fouettait l'eau.

J'ai connu le temps où annuellement, au moment du jaunissement des fruits du Badamier ( Cây Ban ) des milliers de petits perroquets verts, qui venaient dont on se sait d'où, se (re)posaient dans ces arbres le long du boulevard de la mer, en hurlant pendant l'heure de la sieste, au point de rendre fou des " Tay " qui, ne pouvant pas dormir, sortaient leur révolver pour les tirer au jugé afin de les faire taire ou fuir de là, tuant fort heureusement qu'un ou deux de ces mignons " Con Két ".

J'ai connu le temps où les naïves Tourterelles faisaient leur sommaire nid tellement bas, qu'on pouvait les attraper à la main.

J'ai connu le temps où tout était simplement merveilleux de voir tout cela en ville, hormis les serpents, les scorpions et les redoutables petites fourmis rouges.

J'ai connu aussi la fin de ces temps, à cause de l'imbécilité humaine.

Christian Philiponet