Grand Concours de boules à NhaTrang



En 1951, le plus grand concours de pétanque au VietNam a été organisé à NhaTrang sur l'esplanade devant la Gare SNCF par Cinzano + Martini / Cigarettes Mélia + Bastos / + ...


De cet événement, j'ai un merveilleux souvenir avec ce sympathique cancre Max DECORA que j'ai perdu de vue car il a redoublé sa 7ème ( à cette Ecole Française des Faure ) tandis que je suis parti à DaLat pour continuer en 6ème au Grand Lycée Yersin.


Voici l'anecdote:


Des joueurs étaient venus de partout ( Saigon / Dalat et d'autres coins ) au point que nos parents, excellents joueurs de pétanque, ne pouvaient s'inscrire pour concourir, car ils devaient aider les services à leur Hôtel / Bar / Restaurant, tant il y avait de clients pour cet événement qui semble unique au VietNam ( avec l'organisation publicitaire des marques  Cinzano + Martini + Bastos + Mélia +...)


Sachant que j'étais également un bon joueur, ma Mère m'avait remis les 10 Piastres pour l'inscription et je parti seul, avec mes boules... de pétanque et le peu d'espoir de pouvoir constituer 1 triplette ( 3 joueurs ) lorsque je serai vers la Gare.


Ce Dimanche matin là, les triplettes ( déjà sur place ) s'inscrivaient et je commençais à me désespérer, lorsque j'ai vu MAX qui errait seul de son côté.


Enfin, nous étions 2!


Mais il nous fallait vite trouver le 3ème équipier ( ou le chainon manquant ).


A 5 minutes de la clôture des inscriptions, nous avions remarqué un " vieux " de la Légion ( ou du Génie militaire ) qui était assis à l'ombre, au pied d'un Tamarinier.


Lui même semblait être las d'attendre et nos regards se sont croisés.


Aussi étrange que cela puisse paraître, nos pensées étaient les mêmes:


- Tant pis, on va jouer avec ce Vieux!


Tandis que lui ( un barbu de 35 ans environ ) devait être obligé de jouer avec 2 gamins d'une dizaine d'années.


A ce moment, nous étions individuellement persuadés qu'on ira pas très loin dans ce concours de boules, surtout quand on a jamais joué ensemble et pour cause...


Mais dès notre premier engagement, nous étions enchantés ( réciproquement ) car lui, le Vieux, jouait très bien, comme nous, qui savons bien Tirer + Pointer.


Ce vieux... qui se voulait être d'emblée le Capitaine, n'était pas dépourvu de psychologie, car il a vite compris qu'il fallait aussi nous laisser tirer souvent, pour ne pas nous agacer dans le rôle secondaire du Pointeur uniquement à son service.


Lors de cette première partie, nous avions mis une piquette (= 15 à 0 = Fanny ) à des jeunes officiers prétentieux qui,  fort vexés de cette raclée devant des AFAT ( Auxiliaires Féminins Armée de Terre ) ils ont quitté les lieux sans s'inscrire pour le second concours, la Consolante, où ne s'affrontent que les perdants du premier tour.


Au fil des parties dans une ambiance foraine, il y avait de plus en plus de spectateurs autour de nous et au crépuscule, contre une équipe de Sai Gon, nous étions en FINALE!


Cependant, l'éclairage public était insuffisant et parmi les spectateurs, des militaires ont allumé leur lampe à pile, afin que le parcours des boules soit visible.


Chacune des équipes ne marquait qu'un ou deux points seulement à chaque enjeux; Tandis que les responsables du Mess ( voisin ) nous pressaient d'en finir car un Buffet était prévu pour les Finalistes.


Buffet auquel Max et moi avions refusé d'y être, tellement qu'on était furieux  d'avoir perdu la Belle (= la 3ème et dernière partie ) par 2 points d'écart, dans cette pénombre ou lueur blafarde des lampes torches.


Notre Vieux équipier devait être aussi déçu, mais très content d'être parvenue en finale avec 2 gamins Phâp Lai qui semblaient perdus dans cette foule d'adultes lors de l'horaire des inscriptions.


Dès le lendemain, en se revoyant par hasard, Max et moi avions le même sourire mais surtout la même étrange transmission de pensées, car il s'avère que nos parents respectifs ne nous ont ( toujours ) pas cru lorsqu'on leur a dit qu'on était parvenus en finale et qu'on aurait pu gagner  cette belle finale de ce grand concours de boules.


Bizarrement, nos parents n'ont pas cherché à en savoir davantage.


Il me reste l'image floue de ce " vieux " militaire, assis au pied d'un Tamarinier, que 2 gamins ont dû accepter son enrôlement pour constituer ( enfin ) une Triplette ...


Lui aussi, il a dû garder un merveilleux souvenir de ce concours de boules où, assis désabusément au pied d'un arbre, il a dû se résigner à jouer à la pétanque avec 2 gamins errant sur l'esplanade de la Gare de NhaTrang.


Christian Philiponet



© cfnt, Collège Français de Nha Trang