Lors de ma première venue en 1948 et pendant ma dernière année ( en 7ème ) pour obtenir le Certificat d'Etude avant de (re)partir au Grand Lycée Yersin à DaLat. DaLat où je me suis senti abandonné en Maternelle, pensionnaire à l'Ecole Nazareth des " Bonnes " Sœurs, avant de faire ma première classe au Petit Lycée Yersin; Puis d'avoir eu la chance de découvrir à NhaTrang cette immense étendue d'eau vivante, et la charmante petite Ecole Française. En 1948, ma première année à NhaTrang, j'étais en classe dans le premier bâtiment neuf près de la villa des Faure et la Cour devant ce bâtiment était impraticable. C'est donc au Préau qu'on passait le temps des Récréations. Contrairement au Petit Lycée Yersin, filles et garçons n'étaient pas séparés. Libre a chacun de choisir sa place en partageant son pupitre avec la personne de son choix. C'est ainsi qu'une jolie brunette délurée " Tay " prénommée Françoise est venue s’asseoir près de moi. Dissipée qu'elle était, je n'avais pas de bonnes notes également et nous avions été réprimandés. Notre seule chance de remonter au classement, était de réussir la prochaine " Composition ". Sans concertation de part et d'autre, nous avions bien " buché " nos derniers cours, au point que Françoise est venue avec un grand carton afin que je ne puisse pas voir ce qu'elle écrivait. Sûr de moi, j'en avais cure de cet obstacle visuel et je finissais allégrement mon épreuve sous la surveillance de la Maitresse qui traquait les éventuels tricheurs. Le lendemain, fébrilement Françoise et moi ( parmi d'autres ) nous attendons les notes, persuadés secrètement qu'on aura ( pour épater l'autre ) un 9 et pourquoi pas un 10 / 10! C'est en dernier que la Maitresse nomma nos noms en annonçant non pas un 10 mais un Zéro à nous deux, pour avoir mutuellement copié l'un(e) sur l'autre. Timide comme je l'étais je n'ai pas protesté ouvertement comme le fit Françoise, qui me soupçonnait d'avoir pu copier ses écritures malgré son grand carton-masque. Mon argumentation en défense n'a pas convaincu ni la Maitresse ni Françoise qui a changé définitivement de pupitre et de copain. A partir de ce moment, je n'ai plus apprécié cette institutrice. Je l'aimais bien cette petite délurée de Françoise qui, hélas, n'avait pas compris que moi aussi j'ai mis un point d'honneur à bien étudier pour réussir cette épreuve écrite ce jour là. Memories are made of these. ---------------------------------------------------------------------- Dernière année dans cette Ecole en 7ème et premier diplôme avec le Certificat d'Etude. Derrière la villa des Faure, la propriété face à la plage était occupée par des Français ( CHAMPAVERT ) dont le seul garçon était mon voisin du premier Hôtel Nautique ( devenu ensuite l'Institution Ba-Ninh ). Sympathique mauvais élève ( comme un certain Max DECORA ) il a dû redoubler sa 7ème pour avoir échoué à l'examen du Certificat d'Etude. Les CHAMPAVERT avaient aussi des domestiques, un couple viet qui avait une " grande " fille discrète qui était finalement dans ma classe terminale. " Grande " par son âge parce qu'elle devait avoir 17 ans alors qu'en 7ème nous avions tous environ 10 ans. Elle semblait avoir honte de cette différence d'âge, d'où sa discrétion permanente: Elle ne venait qu'en dernière minute en classe en passant par la clôture ( de la villa des Faure ) qui séparait l'école de son petit bâtiment servant de logement et de Nhà Bêp. Pendant les récréations, elle ne fréquentait personne. Et en fin de journée, elle revenait vite chez elle par le même cheminement. Pour avoir certainement redoublé toutes ses classes, cette sympathique JF a réussi à obtenir son Certificat d'Etude en même temps que le mien. On savait que tous les élèves se disperseront pour aller en 6ème ( à SaiGon / DaLat ou ailleurs ). Aussi, lors d'une visite chez les CHAMPAVERT, à cette JF je lui ai demandé où elle ira poursuivre ses études. D'une triste voix elle m'a confié que ses parents lui ont trouvé un mari... ( un vietnamien que j'avais entrevu plusieurs fois et qui devait avoir entre 25 et 30 ans ) Ce fut mon premier choc de la réalité de la vie... et j'étais tout aussi attristé qu'elle. Autre " Sad feelings & Blues ", à la lecture du dernier chapitre du livre Au Pays Bleu: 30 Ans Après. Pour revenir au Certificat d'Etude, première et dernière étape pour certains vietnamiens de familles pauvres, ce " Diplôme " (= cette connaissance du français ) a néanmoins permis à leurs enfants d'avoir plus tard un bon emploi, comme par exemple: Chauffeur, Chef d'équipe d'ouvriers, Serveurs dans les restaurants, Réceptionniste et ou Caissière dans les hôtels,... ) Christian Philiponet |
© cfnt, Collège Français de Nha Trang