Nouvelle vie à Nouméa en Calédonie
(1956-1957)


Ne voulant surtout pas aller ou revenir en France, beaucoup de Tây sont partis vivre ailleurs, tandis que des anciennes relations de mes parents nous avaient précédés en Nouvelle Calédonie en quittant le VN quelques mois après la Chute de Điện Biên Phủ.

Point de relation innée avec les Kanaks, comme aussi naturellement et amicalement avec les vietnamiens et autres " indigènes " en INDOCHINE.

Ce fut une vie totalement différente, dans un entourage plutôt hostile car la majorité des natifs blancs Caldoches n'aimaient pas les " Métros " venus de France, ni les " Zozos " venus d'Indochine.


Nouveau regard sur la vie des caldoches qui, pour certains sillonnaient les lointains alentours de Nouméa avec leur camionnette alimentaire ou pour le cinéma en plein air.

Grâce à nos relations, notre maison (en location) à la Vallée des Colons, était au bout de la rue goudronnée, dans un virage, en haut d'une bute sur un terrain en friche.

Point de voleur à cette époque où il fallait rien fermer à clé afin que le livreur puisse mettre les denrées périssables dans le frigo, en reprenant que le nombre exact des bouteilles consignées après une commande par téléphone aux Etablissements BALLANDE ou BARREAU.

(ce dernier a disparu des années plus tard suite à un incendie …)

En 3 jours de voiture, tranquillement on fait le tour de ce Caillou qui n'a pas de cocotier mais des Niaoulis (arbres fantômes blancs) et l'ile des Pins serait son plus beau spot.

Ma mère a pu travailler en " joint-venture " dans un Salon de coiffure pour Dames, tandis que le père Séguy est devenu Moniteur de sport au Collège du Sacré-Cœur des Frères Maristes.

J'ai vu un ancien client de l'Hôtel Nautique, devenir pêcheur de Troca pour (sur)vivre sur cette hostile terre française en vendant la nacre de ce coquillage.

Dans un premier temps, comme à NHT, on faisait de la chasse sous marine ; Sauf qu'on a attrapé la " Gratte "... ne sachant qu'il ne fallait pas manger de poisson lorsque les coraux sont en fleur !

Phénomène de contamination ou d'empoisonnement qui n'existe pas au Viêt Nam.

Là où Pierre Séguy a été hospitalisé, on a vu des gens ligotés sur leur lit afin qu'ils ne se grattent pas furieusement jusqu'au sang ...

Personnellement, ma légère Gratte m'a dégoûté du poisson pendant de très nombreuses années.


A Nouméa à cette époque, il y avait peu de voitures et les gens se déplaçaient surtout en cyclomoteur.

Mon rêve était cette fameuse Motobécane bleue et pour avoir l'argent nécessaire, j'ai appris à planter des légumes (pendant mes jours de congés) que je revendais moins cher en les livrant chez les relations de mes parents.


Pendant les journées de mes grandes vacances, je remplaçais mon beau-père qui avait pris provisoirement la gérance d'un Glacier pas loin de l'esplanade qui donnait sur le port de plaisance.

J'étais le meilleur client en consommant sans me lasser, Ice-creams & Milksakes " à l'australienne " bien meilleurs que ceux que j'ai pu goûter ensuite au VN, en FRANCE ou aux USA en 1977.

A deux pas du Glacier, une minuscule boutique de Tailleur pour Hommes, où travaillait et vivait un jeune célibataire Italien, qui venait de s'offrir une Vespa bien qu'il ne savait pas la conduire !


Autres divers faits marquants :


> Pour ramasser des œufs dans notre grand poulailler, il fallait entrer avec un gourdin et/ou se protéger avec un petit parasol car un gros Coq karateka au plumage (ou ceinture ?) rouge et noir, n'hésitait pas à sauter avec ses ergots en avant, à la hauteur des yeux de l'intrus dans sa basse-cour.

Pour fêter un événement, il a fini en bon Coq au curry à notre Menu !


> En visite promotionnelle en Polynésie pour son dernier film, les salopards d'organisateur ont exhibé dans une cage motorisée, Martine Carole revêtue d'une tenue Léopard.


> Le cinéma REX qui passait alternativement 2 films, a pris feu pendant la semaine qui affichait :

Marqué par le Destin et Bob le Flambeur.

(Dans l'intention de rénover son Cinéma, le Directeur avait de l'humour noir)

J'aimais bien ce Ciné pour son grand balcon où curieusement les places étaient moins chères.


> En fin d'année scolaire au Collège du Sacré-Cœur, (jouxtant l'église St Joseph) j'ai eu un autre choc émotionnel lors d'une symbolique collecte monétaire pour le départ à la retraite d'un local professeur de français qui a dû économiser pendant toute sa vie afin de réaliser son rêve de faire tranquillement le Tour du Monde sur un cargo-bananier.

Il a vogué vers l'Est pendant que nous nous envolions vers l'Ouest en direction du Viêt Nam.


ChrisChanh



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