Ông Ba Xích lô
Monsieur Ba du Cyclo pousse


A ma copine PTNT


Quand j’étais en primaire, le “xích lô tháng” était alors un moyen de transport assez populaire pour aller à l’école. Deux ou trois familles louaient ensemble, au mois, un cyclo pousse pour y emmener leurs enfants.


Le cyclo des années 60 devait être plus large et moins élevé que celui qu’on voit maintenant au Vietnam.


Le nombre de passagers se limitait, en principe, à quatre petits.


 

Sur le chemin de l’école: Plus on est de fous, plus on rit…


Les deux plus petits se mettaient à l’arrière, assis sur une planchette de bois (laquelle toujours rangée dans un espace derrière le dossier du véhicule et, à chaque fois, le conducteur la retirait pour la placer bien en équilibre sur les bras du cyclo), leurs pieds posés sur le matelas du siège.


Les deux plus grands s’asseyaient à l’avant, avec leurs cartables sur les genoux ou sur le plateau repose-pieds en bas. Quant à ceux des deux petits à l’arrière, ils pouvaient être accrochés quelque part sur les côtés.


Un arrangement tout à fait ingénieux!


 

Rue Bá Đa Lộc

Sur la photo du Collège, à droite, on peut y voir deux cyclo pousse en train de débarquer des élèves


Pour nous protéger des intempéries, un toit pliable en accordéon, revêtu de toile cirée, resté plié la plupart du temps, car à quatre sur le cyclo, on préférait rester à découvert.


Une fois, j’ai demandé à ma copine NT si elle se souvenait du temps où on allait à l’école ensemble en “xích lô tháng ”. Elle a tout de suite répondu: “Ah, Monsieur Ba cyclo!”.

L’habillage du cyclo pousse
en saison de pluie


Monsieur Ba, notre cyclo pousse, était d’un certain âge. Au Sud et au Centre du Vietnam, si vous êtes le cadet de la famille, votre surnom doit être « Ba » (Troisième), tandis que l’aîné(e) est appelé « Hai » (Deuxième). Alors qu’au Nord, le premier enfant de la famille, c’est plutôt anh « Cả » ou chị « Cả ».


A l’époque, les familles françaises au Vietnam appelaient souvent leur cuisinière ou femme de ménage “Thi Ba” (chị Ba).


Nha Trang d’antan


 

Mon quartier Ty Thông tin


Chaque après-midi donc, monsieur Ba passait d’abord prendre NT et sa petite soeur. On habitait la même rue Trần Quý Cáp. Ma maison, le second arrêt du trajet, se trouvait seulement à quelques dizaines de mètres de chez elle, pas loin de la Route Nationale N°1 (Quốc lộ số 1).


Je ne me souviens plus si nous avions un quatrième passager. Laissant la petite soeur de NT à l’arrière, NT et moi, on se plaçait à l’avant. J’étais de taille moyenne par rapport à NT, assez costaude pour son âge. Monsieur Ba a remarqué, un jour, au moment de ma descente du cyclo: “Comment se fait-il que tu parais plus petite assise que debout?”


La réponse s’avèrerait être la raison de ma grande misère, quelques années plus tard : Celle de la fille aux longues jambes !


Ma maison, rue Trần Quý Cáp


Le chemin préféré de monsieur Ba: prendre des ruelles, plus à l’ombre que Quang Trung et Yersin.


TRAJET MAISON-ECOLE EN CYCLO POUSSE


De chez nous, en quittant la rue Trần Quý Cáp, dépassant le Salon de coiffure Kim Hoa (lieu de rendez-vous des dames de Nhatrang), dans la direction du centre-ville, vers le rond-point de Độc Lập et Phan Bội Châu, passant probablement par Hoàng Tử Cảnh et, je ne sais plus quoi, pour déboucher enfin sur la rue Trưng Nữ Vương.


C’était aussi en cet endroit, à l’intersection de la rue Trưng Nữ Vương et du stadium de Nhatrang qu’on trouvait des Keo (ou Pithecellobium dulce, cet arbre qui donne des fruits semblables à ceux du tamarinier, si curieusement enroulés et de couleurs verte et rose).


A pied, je m’y serais attardée pour en ramasser un ou deux qui venaient juste de tomber de l’arbre!
Son goût ? Franchement, je ne saurais le décrire…


Vous parlez des neiges d’antan! L’endroit est maintenant peuplé de magasins et de restaurants, de toutes catégories.



Carrefour Yersin en vue. “Attention les filles, on va passer devant la fameuse maison hantée de Nhatrang!”. Quel dommage, une si belle villa de style colonial français ! Mais, pour tout l’or du monde, jamais je ne m’y serais aventurée!


Après Yersin, voilà la rue Hoàng Hoa Thám.


Pendant la saison des pluies, gare à ceux ou celles qui y roulaient à bicyclette! Ma soeur aînée y a bel et bien attrapé des grenouilles (« chụp ếch ou vồ ếch »), un jour, en tombant dans l’un de ces nids-de-poule.

On ne risquait point d’y mordre la poussière, car on ne voyait que de l’eau!


« Vồ ếch »: Quelle chute malencontreuse !


“Allez, dépêchez-vous”, c’est pour bientôt, la sonnerie!


Un tournant, vite. A gauche, rue Bá Đa Lộc, et ensuite, à droite, Trần Hưng Đạo et de nouveau, virage à gauche, Nguyễn Tri Phương et nous voilà arrivées à bon port!


“Mesdemoiselles, soyez attentives et ne bavardez pas trop!

Il faut toujours donner le bon exemple!”


(Petit silence) ….


“Yên, mange pas tes doigts!!!”



Nguyễn thị Minh Yên / Gabrielle

Californie, Juin 2018




© cfnt, Collège Français de Nha Trang