J'étais au Gala CFNT 1969



Pour le Gala de fin année 1969, j'étais parmi les 'danseurs' qui s'entraînaient chez T.T. Dans cette ronde de danseuses et danseurs, où à un garçon s'alterne une fille, je me retrouvais à ma droite M.C. Je me souviens d'elle, car elle était considérée par quelques copains comme une jolie fille. Différents copains, parmi lesquels Đ.T.H. donc le nez coulait à flots et de façon permanente, étaient fou amoureux d’elle. Chaque fois qu’il venait chez moi il me semblait qu’il n’avait autre dans sa tête que M.C. Les leçons, les devoirs, les récitations passaient tous au deuxième plan. Je n’étais pas du tout surpris lorsqu’à la fin de l’année il avait dû redoubler. C’était vraisemblablement le premier des plusieurs victimes d’amour de M.C.


Un jour en absence de M.C., on m'avait placé à côté une autre fille: c'était la petite sœur à Th.T.! À mes yeux Th.T. était, et elle l'est toujours aujourd'hui, une fille magnifique avec un sourire qui te fait tourner la tête et oublier qui tu es. Mais sa petite sœur était tout simplement ravissante, une vrai bombe. Tenant sa main dans la mienne j'avais complètement oublié mes pas de chorégraphie et je me souvenais d'avoir reçu quelques petites remarques de mes co-danseurs irrités. Cela ne m'empêchait pas de continuer à avoir pendant quelques temps des beaux rêves avec cette petite fée qui flottait dans les nuages. 


Le jour arrivé, on est monté en scène et au milieu de la performance, le magnétophone s'arrêtait. Cela créait une confusion totale avec les danseurs qui ne savaient plus quoi faire. Certains continuaient à trottiner sans musique et sans grâce, certains autres s'arrêtaient en regardant désespérément son voisin, les autres fuyaient derrière la scène. Pendant tour ce temps les spectateurs riaient et huaient. On était tous sous une lourde chape de catastrophe. À dire aussi que quand cette interruption était arrivée, tout près de l'appareil se trouvait T.Đ.A. connu aussi comme A. Lùn. Nous, on l'a immédiatement accusé de sabotage. Il niait farouchement et jurait sur la tête de ses ancêtres de 4 ou 5 générations en arrière que le magnétophone s'était arrêté tout seul sans intervention humaine. Nous naturellement on ne croyait pas à un mot de ce qu'il racontait. Dans mon intime, je pense aujourd'hui qu'il voulait toucher le magnétophone juste pour satisfaire à quelques besoins insatiables de curiosité intellectuelle, puis vrac...il l'avait touché au mauvais endroit, au mauvais moment...Mais ce jour là certains de nous Second A avaient vu planer l'ombre de Second B comme commanditaire de l'œuvre de déstabilisation.


"Mưa Sài Gòn Mưa Hà Nội" était la chanson que la classe 1ère utilisait comme musique d'accompagnement pour leur danse dans la même occasion. Je me souviens comme si c'était hier d'avoir vu chị A.V. qui est la grande sœur de Q.N., second B, avec sa áo dài jaune, ses larges pantalons en satin blanc et agitant par dessus de sa tête cái nón lá tout en virevoltant avec ses autres camarades de classe dans le spectacle. Chị A.V., malgré une taille minute, était une autre fille superbe! Elle me faisait penser à une poupée de porcelaine et elle était vraiment jolie. En plus elle était la sœur à Q.N. et la cousine à T.N. Personnellement j'avais une faiblesse pour Q.N. Avec son gros grain de beauté quelque part tout près de sa lèvre supérieure, sa petite taille, son accent Huế, je la trouvais tout simplement irrésistible. Je me souviens d'avoir essayé de la croquer pendant une de mes rêves d'adolescent. Puis comme toujours je m'étais réveillé trop tôt et je me retrouvais avec rien entre les dents.


T.N. était trop jolie! Une fille comme il y en a peu. Si vous ne me croyez pas, demandez à A. Lùn. Il était prêt à sauter le pont Hà Ra si elle le lui demandait. Ce qu'il-y-a de particulier chez elle était ses yeux noirs énormes. Les mêmes des mangas japonais. En plus elle avait ce demi-sourire avec les coins des lèvres soulevés vers le haut et des jambes interminables qui te font ramollir le cerveau. C'est pour la suivre que K. ngân khố, A. Lùn et moi on était parti un jour à la cachette à Đàlạt sans que nos parents savaient où leurs fils étaient finis. On était resté la pendant une semaine, puis sans un sou en poche on rentrait bredouille à la maison. Je ne vous raconte pas les conséquences avec nos parents. C'était dès ce moment que K. ngân khố commencait à avoir des cheveux blancs. Inutile ajouter que de T.N. on l'a entrevue juste pendant une poignée de seconds dans sa voiture qui précédait notre xe đò. Mais cela suffisait pour rendre A. Lùn euphorique pendant des jours.


Trương Minh Kiên



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