Le journal de Tiên Sa



I - LE COEUR LOURD, J’AI QUITTE MON PAYS


Je suis Française de naissance: La seule dans la famille à avoir une double nationalité! Et réfugiée deux fois: la première, quand mes parents ont dû quitter le Nord pour s’installer dans le Sud en 1954 et la deuxième, le jour où je devais faire les adieux à ma patrie et adopter un autre pays, ou plus exactement, réintégrer ma nationalité de base.


J’ai versé beaucoup de larmes, à cette occasion, ne comprenant pas cette option si pénible  et si douloureuse: Tout ça pour avoir la paix avec mes problèmes de papiers d’identité! J’avais des contrôles, à cause de mes sources de revenus provenant des Etats-Unis sans preuves.Et au cours de la prise de renseignements personnels pour ma réintégration, quand j'ai déclaré ne pas connaître mes voisins, j'ai reçu cette appréciation " Belle, mais sauvage!"


Ca m’a fait penser au jour de l’arrivée des forces de l’armée Nord-Viêtnamienne à Sài Gòn, acclamée par une foule en liesse, je pleurais à chaudes larmes, regrettant la Liberté jusqu’alors connue.


J’avais l’impression de descendre et de vivre en enfer  jusqu’au jour où ma famille avait décidé de m’envoyer en France.


Je me rappelais de ma joie immense en montant à bord de l’avion, avec cette envie frénétique d’embrasser l’équipage pour exprimer mon bonheur d’être enfin libre. Quelle angoisse quand un groupe de militaires, armés jusqu'aux dents, y montait faire un tour, nous examinant un par un, histoire de vérifier une dernière fois, si tout allait bien!


Escale à Bangkok, tout le monde refoulé à cause de notre nationalité. Ce n’est qu’après une forte et longue négociation et en nous déclarant «Apatrides» que le gouvernement Thailandais nous a permis de rester sur leur territoire en attendant des vols pour la France!


3 jours de séjour confiné dans un hôtel de banlieue!!!


«APATRIDE»: Que c’est dur d’entendre ce verdict pour une citoyenne du Viet Nam du Sud!!!


J'ai été évacuée avec le dernier groupe, le groupe des jeunes célibataires. Dans l’avion, j’ai discuté avec des gens en m’inquiétant pour l’arrivée à Paris où - à cause des vols retardés - personne n’était mis au courant, pour m’y accueillir. Un couple Viêtnamien m’a rassurée en me laissant leur adresse en cas de détresse. Sympa, les jeunes!


C’était un voyage assez mouvementé et rempli de surprises pour moi, une jeune fille de 23 ans à l’époque: J’ai reçu une demande en mariage à bord, d’un Asiatique d’âge mur, pour aller vivre aux Emirats Arabes et des cadeaux d’un Français –  parfums vendus dans l’avion – qui pensait sans doute pouvoir m’enlever, à la descente!!! Au secours, Maman!


J’étais sûre d’avoir plein de paperasses à remplir, une fois arrivée à Roissy et je ne me suis pas trompée. J’ai décidé de dire la vérité aux autorités françaises que mes papiers étaient faux et demandais l’asile politique.


En partant, le gouvernement Viêtnamien m’a d’office piqué la moitié de la fortune que j’emportais et avec le peu de change obtenu à l’aéroport, je me sentais obligée de demander de l’aide à quelqu’un dans le car -Navette de Roissy.


Un vrai Ange Gardien m’est envoyé du Ciel ce jour-là:


Employé de l’aéroport, ce Monsieur était en heure de table et il m’a aidée, non seulement à transporter – en transpirant à grosses gouttes – mes lourdes valises, mais aussi à payer le métro jusqu’à mon adresse – Comme il pleuvait, il m’a laissée à l’abri en essayant de repérer les numéros des maisons et une fois l’immeuble trouvé, il a insisté pour m’accompagner jusqu’à la porte  ( Il voulait être sûr de me laisser entre de bonnes mains ).


Je n’avais même pas eu le temps de prendre ses coordonnées pour le remercier plus tard. Qui que vous soyez, cher Monsieur, un grand merci du fond du coeur!


Ma tante,vivant aux Etats-Unis, craignant pour ma sécurité dans une ville aussi réputée que Paris pour ses boîtes de nuit, sa vie tapageuse et débauchée soi-disant, m’a proposé de regagner l’Amérique avec de faux papiers.    Encore un mariage blanc: J’ai refusé net, car une fois déjà, ça m’a  suffi et dans des pays libres, je ne devrais pas avoir recours à des méthodes illégales quand même!!! Quand je parle d’illégalité, je dois avouer que j’étais devenue faussaire -par nécessité- pour partir: Tout fabriquer par moi-même et subir des interrogatoires de contrôle, ce n’était pas une mince affaire et c’était vraiment une opération-suicide: ça passait ou ça cassait!!!


II - MA VIE AVANT LE COLLEGE FRANCAIS


Mes parents ont changé beaucoup de résidences au cours de leur vie, après leur départ du Nord Viet Nam.


Avant de nous installer à Nha Trang et d'entrer au Collège Français, j'ai passé mon enfance dans une petite province.


Enfance heureuse, riche d'émotions, de joies et de bonheur! Quand je me compare enfant de l'époque avec les

gamins actuels, je m'estime très chanceuse de pouvoir inventer nos propres jeux, imposer nos propres règles, partir à l'aventure, manger des fleurs, se faire peur en se racontant des histoires de fantômes, sans parler des bêtises et des corrections qui s'ensuivaient!!!


Je me souviens encore de ces moments de passion, à passer des heures à jouer avec des brindilles sèches en forme de crochets au bout et qu'on tirait dessus pour casser et gagner le jeu! Les graines de tamarin que nous récupérions pour jouer dans des petites cases dessinées par terre. Nos poupées en papier, découpées et dessinées avec amour et habillées avec tendresse. Les petits tableaux noirs et les craies servaient à raconter des histoires entre nous....


Le jour où mes parents avaient l'occasion de nous offrir des cadeaux - venant d'un couple de Français que mon père avait aidé lors d'une panne de voiture, devant chez nous - une poupée et un ours en peluche, je n'avais aucun plaisir à jouer avec et résultat: poupée dépouillée de ses habits, avec les yeux crevés et l'ours en peluche, éventré par curiosité, pour voir ce qu'il y a en dessous!!! Quelle barbarie, terrible gamine, n'est-ce pas!!!


Plus tard, au CF, j'allais être surnommée " Marie la Sanglante " ( ou Marie Tudor ) et en dehors du CF " Calamity Jane"!


Pourquoi " Marie la sanglante"? Non, rassurez-vous, je n'ai tué personne encore, sauf peut-être (?) Par amour pour moi???? on ne sait jamais!!!


C'était à cause d'une certaine robe rouge et de notre leçon sur Marie Tudor! Tout simplement!


J'ai donc passé mes études primaires dans une école vietnamienne. Mes nuits blanches, à cause des romans d'arts martiaux que mes chères copines louaient et me repassaient: une lecture interdite par mon père et ma vraie passion de l'époque, lue en cachette chaque soir, dans le lit, sous la couverture!


III - MON ENTREE AU COLLEGE FRANCAIS de NHA TRANG


Me voilà débarquée à Nha Trang, après mon Certificat d'études Vietnamiennes.


Mon père nous ayant déjà initiés au Français par quelques leçons et des cassettes de musique ( des Rondes enfantines classiques ), a décidé de nous mettre au Collège Français.


J'ai failli rater mon examen de passage, à cause de ma panique en Maths!


En classe, problème: fous rires causés par ma prononciation ( Apparemment l'initiation paternelle au Français n'était pas correcte!!! ). Au départ, je ne comprenais pas la cause! La pauvre chérie, débarquée de sa petite province, devenue un divertissement pour la classe!!!


Je me rappelais d'autres moments de folie, franche rigolade déclenchée par nos fautes de français:


Ex: Une certaine rédaction " Au marché il y a des fous qui rient: Hi Hi Hi Ha Ha Ha "

ou une phrase du genre " Le garçon est dans le tube de dentifrice"

ou encore " Je me déshabille et je me promène". Alors, la remarque de Mme Fredon: " On se promène, tout nu?"


IV - PREMIER AMOUR & PREMIERE DECLARATION


C'est durant cette première année scolaire que j'ai eu droit à ma Première Déclaration. Un Copain de ma Classe Spéciale!


Quand il m'a demandé:"Est-ce que tu comprends ce que ça veut dire " Je t'aime"? ", j'ai répondu " Oui".


Euh...même si je n'avais que " très vaguement " une idée là-dessus! D'habitude, les grands - âgés de 18 ans - voulaient m'avoir comme " petite soeur"! ( Et alors??? Proposition rejetée par la petite effrontée que j'étais! )


J'ai deviné plus tard que j'étais son Premier Amour  .


V - COMMENT J'AI FAILLI DECLENCHER UNE GUERRE ENTRE 2 ECOLES


Hou, la prétentieuse!


Mais, c'est vrai! Voici l'histoire:


"Il était une fois une jeune et jolie fille qui attirait 2 jeunes gens, aussi beaux l'un que l'autre. ( Déjà, Egalité avant que la bagarre ne commence! )


Etant donné qu'ils étaient rivaux et voulaient avoir l'amour exclusif, ils se provoquaient en duel.


Le jour de la déclaration de guerre, l'un d'eux avait l'appui de ses camarades et ça prévoyait un vrai carnage, avec des armes dangereuses. Le Rendez-Vous était fixé à la plage, pas loin de notre fameux CF.


Que s'est-il passé ce jour-là?


Vous ne le saurez que par nos jeunes concernés de l'histoire.


VI - MA VIE SCOLAIRE AU COLLEGE FRANCAIS


Toujours au dernier rang de la classe, place de premier choix pour faire des bêtises sans se faire remarquer.


Choisir ses copines: Plus on s'amuse, mieux c'est! Comme les Mousquetaires, on partait à la guerre.


Ce qui nous a valu une embuscade et un règlement de compte entre un garçon de ma classe et ma copine! Ils nous attendaient derrière des buissons et l'agresseur lui a sauté dessus en lui donnant une claque - bien méritée, quand même, vu ce qu'elle lui a fait comme misère!!! Mais si on parlait de " galanterie française", Mr était quand même en tort, vis-à-vis de ma copine!


Une de mes copines était très garçon manqué, genre " Moi,Tarzan, Toi,Jane". Elle se balançait au bout d'une corde aussi chez elle, trop drôle! Un jour, un élève est appelé au tableau et s'est retrouvé les pieds pris dans le lasso de la demoiselle, la corde étant par terre, sous sa banquette! ( La corde était prévue pour sauter à la corde pendant la récréation, comme tout le monde, mais notre imagination fertile nous a poussé au crime ce jour-là! ) Et le pauvre garçon, manquant de vocabulaire encore, pour expliquer son problème, bafouillait tout en montrant du doigt son pied coincé!


On n'hésitait pas non plus à participer à la bataille entre garçons, au tir à l'élastique!


Une fois, on était plusieurs à sécher les cours de Mr Sabary, pour aller à la plage, en chargeant les camarades qui restaient sagement en classe de répondre à l'appel. Mr Sabary qui s'est présenté à nous, le premier jour, en précisant que son nom ne s'écrivait pas comme l'éléphant " ça barrit "! Et nom ainsi déformé par un de nos camarades qui est allé chercher le carnet pour le compte de Mr " Somebody " ( entre la prononciation de " ça barrit " et " somebody", vous auriez choisi laquelle, vous? )


La récréation: Une de mes copines aimait bien s'intéresser aux revues ( américaines - genre Play..., vous savez que la culture américaine nous envahissait à l'époque ) que nos copains apportaient à l'école! " Shocking, oh my dear", disaient les prudes demoiselles!


VII - MES PROFESSEURS


Vu mon profil, vous avez dû deviner pourquoi mes notes faisaient du yo-yo à l'époque!


Mes profs m'ont quand même permise de me maintenir dans les 5 premiers.


Je remercie tout particulièrement Mr An qui a dévoilé mon talent en rédaction. Franchement, j'étais surprise - ébahie même, en écoutant le récit de ma propre oeuvre, " riche en imagination", selon votre avis.


Ce qui m'a incitée à améliorer mon style. Est-ce que vous avez deviné qui je suis, en lisant ces lignes?


J'ai répondu à un mail, suite à votre projet, pour faire participer tout le monde!


Si j'ai écrit en Français, c'est qu'il y a 2 raisons:


1- Pour que mes Profs français puissent me lire aussi

2- Par manque de pratique, depuis mon exil, j'ai du mal à m'exprimer, dans ma langue maternelle!!!


Je n'en suis pas fière, mais je préfère être franche avec vous tous.


Mr An, à quand mes prochains cours, s'il vous plaît? J'aimerais bien me retrouver sur les bancs de notre bien -aimée école, pour avoir vos félicitations & compliments de nouveau!


Mme Fredon, je vous suis reconnaissante pour vos leçons qui nous ont permis de rattraper notre retard par rapport aux autres classes!


Grâce à Mr André, j'ai gardé une bonne mémoire des verbes irréguliers anglais - malgré ma défaillance en Viêtnamien!


Merci à Mme Bang pour les leçons de Morale: Je me rappelle toujours de la punition de notre classe quand l'un des nôtres a écrasé une chenille dans le grand carnet!


Mr Mondolini, vous m'avez manqué depuis notre dernière visite, chez vous.


Mr Lagarde nous a quittés, mais je garde toujours en mémoire sa gentillesse et son sourire.


A nos chers Profs, j'exprime ma gratitude et mes sincères remerciements.


VIII - PASSIONS SECRETES


Trente ans sont passés, voire plus, même!


Je pense qu'on pourrait avouer, déballer nos petits secrets!


Je vous raconte d'abord mon secret. A votre tour de jouer après.


Un jour, un des profs m'a dit " Tu sais, mon fils est amoureux de toi " .


Je ne m'attendais pas à une telle déclaration, j'ai failli tomber à la renverse!!!


Aujourd'hui, je reviens vers toi, cher camarade de classe.


Est-ce vrai, ce que j'ai entendu? Tu ne m'as jamais dit quoi que ce soit ou agi dans ce sens!


C'est maintenant ou jamais de me faire partager ton secret.


Sinon,..... haha, ton identité risque d'être connue de tout le monde, du CF réuni! Car, je vais CRIIIIIIIIIER ton nom pour que notre passé soit reconnu et inscrit dans l'histoire du CF!!!!


IX - DECEPTIONS AMOUREUSES


Un jour ou l'autre, nous allons quitter cette Terre. Mais avant, je voudrais faire une chose: Demander pardon à ceux que j'ai déçus - pour ne pas avoir répondu à leur amour, comme il le fallait.


Considérez ceci comme une confession, si vous voulez.


J'ai pu blesser quelqu'un, sans le vouloir et il y avait une explication à cela, dans le passé.


Même si nos chemins se sont séparés, j'ai gardé quand même une place spéciale dans mon coeur depuis.


X - MES SOUVENIRS DE NHA TRANG


Avec mes copines, on faisait des balades à vélo, allant d'un endroit à un autre pour embêter tout le monde, juste pour rire. Les fruits volés d'un arbre du voisin - les branches très hautes dépassant son mur nous poussaient à grimper aux arbres - étaient plus savoureux que ceux achetés au marché.


J'ai beaucoup apprécié ces moments de complicité - les rares moments de bonheur, car plus tard, j'allais être sous haute surveillance et ne pouvais plus vagabonder avec elles.


Mon père a su, par mon horoscope chinois - établi à ma naissance par mon grand-père maternel - que j'allais avoir beaucoup de succès auprès des garçons " Số đào hoa"! Dès qu'un jeune commençait à manifester de l'intérêt pour moi: plus de liberté possible, ma fille! Il y avait de quoi vous inquiéter, n'est-ce pas, quand soudain, devant votre maison - avec comme assistance, la famille ( médusée ) au complet - dans un vacarme assourdissant, un des admirateurs de votre fille commençait son spectacle de sauts de moto en hauteur!!! Il m'arrivait même d'être poursuivie jusqu'en classe - cours d'Anglais du soir, de Hội Việt Mỹ.


Je gardais de désagréables souvenirs du marché où on devait patauger à certains endroits, dans de la boue pour faire les courses!


Vous souvenez-vous de ces délicieux " Pâtés chauds"? Ou de ces marchands ambulants, le soir, quand vous aviez une petite faim?


Même maintenant des parfums d'antan, des arômes divers me parvenaient encore. Tôt le matin, si vous alliez chercher du pain chez le boulanger, vous pouviez le regarder travailler devant son four:  avec quelle dextérité, il fabriquait son pain en un tour de main!  Et le pain, tout chaud, tout frais sentait trop bon! La meilleure cuisine: des plats à consommer au marché, d'une propreté douteuse pourtant!


Ca me manque vraiment et c'est dommage que ces plaisirs disparaissent. Nous vivons maintenant dans un monde préfabriqué: les pains emballés, les jouets coûteux à la mode incités à force de publicité....


Je me rappelle d'avoir vécu une inondation à Nha Trang et d'avoir souffert des dégâts des pluies torrentielles: d'énormes nids de poule où je me suis retrouvée un jour, tombée de vélo, complètement trempée, sur le chemin de l'école.


Mes rencontres avec les GI Américains: Un soldat passait devant chez nous et s'arrêtait d'un seul coup, l'air ému par les enfants que nous étions. Il a été chercher des gâteaux pour nous, en ayant des larmes aux yeux. Nostalgie du pays et de sa famille sans doute!


Le deuxième est venu me demander un service: marchander pour lui, dans un magasin de quincaillerie. Il m'a donné le prix qu'on lui a demandé. Stupeur de nous deux, en constatant que, contrairement à ce qu'il pensait, la marchande a gonflé la valeur du produit encore plus avec moi  !!! On a bien ri, lui et moi.


Plus tard, en suivant l'endoctrinement communiste à l'université de Sài Gòn, devant mon mutisme et mon refus de critiquer les Impérialistes, les Américains...., mes camarades étaient surpris de ma réaction jusquà la fin du stage!


Malgré mon ressentiment vis-à-vis des politiciens qui ont participé à la perte de mon pays, le peuple Américain n'y était pour rien: c'étaient des jeunes Américains envoyés sur nos terres qui souffraient des horreurs de la guerre tout comme nous! Pourquoi cette haine incitée contre eux?


Un autre souvenir m'est revenu: Me voilà à la poursuite d'un poulet en plein marché qui s'est terminée par mon atterrissage sur les toits des maisons voisines, à partir d'un arbre et j'ai réussi à descendre du toit et à traverser une maison vide pour sortir par la porte d'entrée,sans me faire surprendre par ses propriétaires! Le poulet en question devait être un poulet sauvage qui avait des ailes volantes! " Superman", " Superwoman", mais il existe aussi des " Super Poulets", c'est moi qui vous le dis. D'ailleurs, il y avait un coq qui devait m'en vouloir, car il me guettait à chaque passage et me surprenait toujours par derrière, et ses attaques - de coups de bec - me faisaient hyper mal! Sacrée volaille!


J'étais bien contente de me retrouver à table,ce soir-là, devant un poulet rôti, vous avez dû vous en douter!


XI - LECON DE VIE


Ma vie d'étudiante a commencé à Sài Gòn et  un peu à Đà Lạt aussi, en internat, pendant un certain temps.


J'ai participé à une activité, auprès d'un orphelinat de Sài Gòn, qui m'a profondément marquée!


Ces orphelins, tous très jeunes et handicapés de la guerre sans doute, vivaient dans un total dénuement!


Nous devions passer la journée avec eux, leur couper les cheveux, leur débarrasser des poux... Ils étaient contents de nous voir. A un moment, un petit garçon, amputé d'une jambe, est tombé par terre. Il s'est relevé tout seul, avec le grand sourire aux lèvres. Sa joie de vivre m'a fait tellement mal au coeur que j'ai eu du mal à retenir mes larmes tout en continuant ma mission!


C'était ma première et ma dernière expérience humanitaire, mais j'ai gardé ce précieux souvenir dans mon coeur comme étant une magnifique leçon de vie: Notre malheur n'est peut-être rien, comparé à ceux qui souffrent encore plus et qui malgré tout, conservent toujours le sourire en bravant les obstacles.


Chaque fois que je pense à  l'éclatant sourire de ce gamin, ça me redonne le courage de vivre et la rage de me battre.


Je rends hommage à ces orphelins qui,ce jour-là, m'ont appris le vrai sens du bonheur,  de la joie de vivre et du courage.


XII - DIEU & MOI - A LA RECHERCHE DE DIEU


J'ai été élevée dans la religion de mes parents. Enfant, j'accompagnais ma grand-mère maternelle à la pagode. J'écoutais les prières sans rien comprendre. Plus tard, ce que j'ai appris du Bouddhisme m'effrayait plus que tout: " La vie n'est qu'un océan de souffrances " " Đời là bể khổ " ..... Mes prières, mes offrandes en échange de mes demandes au Bouddha ne m'ont pas convaincue pour adopter cette religion dans mon coeur. Ca me faisait peur tous ces mots " Souffrance " - " Nirvana"..... A 17 ans,j'ai quitté ma famille, le Collège Français pour continuer mes études ailleurs. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à partir à la recherche de Dieu. En me rapprochant de chaque religion pour me faire une idée. Un jour, j'ai fait la connaissance des Protestants américains et j'ai trouvé bien l'aide aux défavorisés de la vie, leurs oeuvres de bienfaisance!  Mais, en rencontrant le petit garçon du couple de pasteur,  il nous a annoncé tout de go comme ça  "Elle ne reviendra pas " . Ma quête n'a pas abouti. Je suis arrivée à une conclusion: " Il est trop tard pour moi pour croire à une doctrine quelconque!". Et j'ai vécu sans croyance. Jusqu'au jour où je devais penser à l'éducation spirituelle de mes enfants, vers l'âge de 12 ans. Et je leur ai parlé de l'Amour de Dieu en les orientant vers la religion catholique, malgré le fait que, par la faute de ma belle-famille - des catholiques pratiquants - j'ai dû subir insultes, humiliation.... avant d'être intégrée dans leur cercle familial. Libre à eux le choix d'accepter ou non, après leur enseignement religieux.


Dieu ne m'a pas abandonnée, car un jour, au moment le plus désespéré de mon existence, à l'instant où j'ai perdu le goût la vie, Il est venu à mon aide en m'apportant un autre but, un autre espoir, une nouvelle vie!


J'ai finalement compris une chose: Dieu est au fond de chacun de nous, même si on n'a pas de croyance. Toutes les religions se valent.


Et tout ce qu'on a à faire dans la vie, c'est simple: " Cherche ton coeur et tu trouveras le chemin".


XIII - LE CULOT DE LA JEUNESSE


A la réussite de mon Baccalauréat, j'avais 17 ans et je voulais continuer mes études à l'étranger. Mon père était contre ce projet et m'envoyait à Sài Gòn. Il me fallait trouver un moyen pour réaliser ce rêve. Quelqu'un de grande influence et je n'ai trouvé mieux que le Ministre de l'Education & de la Culture en personne. J'ai donc pris rendez-vous et j'étais très impressionnée en entrant dans son bureau. Il connaissait mon père et était intrigué de me voir débarquer toute seule, à l'improviste! J'ai plaidé ma cause et proposé un marché: " Comme mon père m'empêche de partir, j'ai une solution, mais il me faudra votre aide. J'ai vu un concours de Miss... avec comme prix: Un voyage à l'étranger!Faites-moi gagner et mon père devra ainsi accepter mon départ " . Nullement choqué par ma scandaleuse demande, Mr le Ministre m'a fait un sourire et m'a raisonné d'accepter la décision paternelle.


Qui d'autre que moi ferait une folie pareille: Influencer un Ministre pour gagner un concours?


Ce n'est que six ans plus tard que j'ai réussi à quitter le VN, après avoir vécu un an sous le régime communiste et c'était grâce à la décision de ma mère, sans passer par l'avis paternel.


XIV - AMITIE - SOS MARIAGE


Me voilà prise dans la tourmente: Dès l'arrivée des Nord-Vietnamiens, des rumeurs circulaient sur le mariage forcé des jeunes filles avec les Bộ Đội.


Paniquée par cette fâcheuse nouvelle, j'ai proposé à un ami - un an plus jeune que moi - de nous marier d'urgence.


Il a accepté mon projet de mariage de bon coeur et on a essayé de franchir la barrière de notre amitié en sortant ensemble. On a échoué lamentablement. Trop proches pour être amoureux!!! Avec lui, je pouvais parler de tout. Aucun sujet tabou entre nous. Ames soeurs? Je ne sais pas. Amis? C'est sûr. J'ai apprécié son geste en réponse à mon appel de détresse ( Une fausse alerte, d'ailleurs ).


L'amitié est-elle possible entre un homme et une femme?


Pour moi, c'est oui. La preuve, mon ami en question. On ne s'est pas revu depuis.


Mais dans ma vie, chaque fois que j'offre mon amitié à la place de mon coeur, les hommes préfèrent refuser et me quitter. Aimer, je n'ai qu'un coeur. En Amitié, j'offre mon affection et ma vie entière. J'ai eu beaucoup de peine à les voir souffrir en partant.


XV - RENCONTRE FORTUITE OU DESTINEE?


Vous rencontrez des gens dans votre vie. Est-ce dû au hasard ou c'est le destin qui a tout arrangé?  Moi, je pense que tout est prévu à l'avance. Et vous?


J'étais étudiante dans une des Universités de Sài Gòn quand mon père voulait m'emmener faire un tour à Đà Lạt pour visiter son campus. Succombant au charme du décor, je me suis inscrite à la Faculté, en internat. Le temps de passer quelques mois avec de nouveaux professeurs, de nouvelles fréquentations et de garder quelques souvenirs inoubliables et j'ai décidé de rentrer à Sài Gòn pour finir mon année d'études. 


Pourquoi ce séjour impromptu à Đà Lạt  et ce retour si soudain à Sài Gòn? Je n'ai compris que 15 ans plus tard quand j'ai revu un de mes professeurs de Đà Lạt -  un Père Missionnaire. Juste au moment où je recherchais quelqu'un susceptible de m'aider à envoyer de l'argent dans des camps de réfugiés en Asie: Thailande, Philippines... Et le Père m'a présentée à d'autres Missionnaires pour l'opération. ( En fait, j'avais deux Pères comme Professeurs, mais le deuxième, je ne l'ai jamais revu depuis la Fac ).


Notre rencontre avait un but précis: Me venir en aide des années plus tard!


Il m'a raconté son départ précipité du Viet Nam, sous pression ( et avec aveu forcé en tant qu'espion - ce qu'il a refusé de faire ). Mon professeur transformé en espion: Ca m'a fait penser à une anecdote dans le bus:   Un vieux ronchon  m'a bousculée à la montée du bus en me traitant de Mata Hari - sûrement un Ancien Combattant!!!


Ha ha, trop fort: si mon Prof était un espion, c'est sûr que je deviendrais une Mata Hari!!!


XVI - FETES & NOSTALGIE


Quand j'étais petite, j'éprouvais un immense plaisir à regarder les adultes fabriquer des lanternes pour la Fête de la Mi-Automne. On défilait sous les étoiles avec nos lanternes magiques, aux multiples couleurs, de toutes formes et de toutes tailles.


On admirait la Lune en se racontant la légende du Petit Cuôi.


A l'approche du Tết, l'ambiance s'animait en allant crescendo et on se trouvait dans une attente fébrile jusqu'à la veille du Nouvel An.   Pour bien accueillir la Nouvelle Année, nous, les enfants, on devait prendre un bain et mettre nos plus beaux atours!


La préparation et la cuisson des gâteaux de riz demandaient beaucoup de soins, donc mes parents avaient abandonné l'idée d'en faire à la maison chaque année.


Tous ces préparatifs, ces emplettes se faisaient dans une telle excitation que ça m'a plus marquée dans mes souvenirs que les pochettes rouges " Lì xì " reçues à cette occasion!


Et les pétards en explosant parsemaient ces vestiges vermillon- symbole de richesse et de porte-bonheur- comme des confettis!


XVII - LE MYSTERE DU FAMEUX POIL A GRATTER AU COLLEGE FRANCAIS


Mon cauchemar a démarré avec cette histoire de Poil à gratter que quelqu'un a semé un peu partout dans les classes et on recherchait le coupable. Et c'était tombé sur moi qui n'ai jamais vu ce truc de ma vie et en plus, j'en étais aussi la victime: ça vous démangeait de partout!


Convocation chez le Surveillant. Quel malheur! Je pleurais d'humiliation devant les regards soupçonneux des autres.


Heureusement, Zorro est arrivé à ma rescousse en la personne d'un camarade de classe. Mon cher ami, je ne t'ai pas remercié à l'époque, je pense, pour ta galanterie et ton esprit chevaleresque. Tu as défendu la Princesse de ton coeur. Je suis désolée de t'apprendre aujourd'hui que ton courrier ne m'est jamais parvenu, à cause de la censure paternelle, mais j'ai été mise au parfum par mes espions de frères et de soeurs.


Aujourd'hui, le mystère n'est toujours pas éclairci. Qui était le coupable qui m'a fait endosser son crime? Qu'il se dénonce bravement! Je ne t'en veux plus, camarade! Peace & Love! Comme à l'époque!


XVIII - UN ZOO DANS LA MAISON


La petite province où j'ai passé mon enfance m'a laissé plein de trésors de souvenirs.


Notre maison se trouvait près d'une digue - digue qui séparait un blockhaus des champs de maïs.


Cet univers nous réservait plein de surprises en toutes saisons. Nos hôtes - de ce Zoo Naturel - débarquaient sans invitation chez nous: Un gros serpent a élu domicile, pendant nos vacances, dans un tiroir de la machine à coudre. Les anciennes machines à coudre avaient des tiroirs sur les côtés et un gros caisson pour ranger la machine à l'intérieur. Heureusement que ma mère n'avait pas plongé sa main dans le tiroir sans regarder! Nous avions donc dérangé ce reptile en pleine sieste!


Notre grenier était un lieu agréable pour y jouer et on n'était pas les seuls à s'y rendre: chauves-souris,chouettes, hirondelles... Un jour, je suis tombée nez à nez avec un majestueux Grand-Duc- au plumage d'une blancheur de neige - ce qui est plutôt rare. Imaginez-vous  moi, - une enfant de 5 à 6 ans - à quatre pattes, au grenier, face à un grand-duc, me dominant du haut de ses 70 cm  !!!Complètement paralysée de peur par ses superbes et énormes yeux noirs. Un regard fixe, impressionnant dans ce milieu sombre et désert! Au secours, Maman!!! J'ai pris mes jambes à mon cou: c'était la plus grande frayeur de ma vie d'enfant!


D'après le dictionnaire, un Grand-Duc mesure 70 cm.Envergure: 160 à 180 cm. C'est le plus grand des rapaces nocturnes d'Europe: il fait le double de son congénère le hibou moyen-duc.  Sa silhouette est qualifiée d'"aristocratique "  .

L'oiseau rare que j'ai eu l'occasion de croiser ressemblait plutôt à un Harfang des Neiges.



Si vous avez déjà goûté au plat de Chả cá Lã Vọng   - Le restaurant " Chả cá Lã Vọng " à Hà Nội, est connu comme un haut lieu de la gastronomie -  vous devez connaître cette sauce rendue très spéciale par deux gouttes d'essence de cà cuống (bélostome). exemple de Belostome


Cà cuống (grosse punaise aquatique)


J'ai fait la connaissance de cette punaise aquatique, juste une fois dans ma vie, en l'attrapant un soir.


Notre lieu grouillait de bestioles rampantes: caméléons, couleuvres, serpents, lézards... ainsi que les hideux crapauds dont j'avais horreur.


J'adorais traîner partout avec une bande de gamins pauvres du voisinage - qui n'avaient pas les moyens d'aller à l'école et les petites filles étaient placées dans des familles aisées comme servantes - à vie.


Notre quartier général était donc le blockhaus. J'y emmenais parfois mon petit frère et ma petite soeur. Quand mon père l'a su, j'ai eu la plus belle correction de mon enfance, car cet endroit dangereux abritait les mues des serpents.


Le soir, les chauves-souris se donnaient rendez-vous chez nous, là où il y avait quelques arbres - " Cây trứng cá" ( autre nom =" mật sâm " (Nom scientifique: Muntingia calabura), originaire du Sud du Mexique, Caraïbes, Sud du Pérou, Bolivie, Amérique... ). Après le festin, elles s'en donnaient à coeur joie à nous laisser des traces sur nos murs ( déjections ou crachats??? )


XIX - LES PARFUMS D'ANTAN


Enfant, vous avez été, sans doute, dans des foires, au marché du Tê't...avec votre famille et votre nez a enregistré des arômes et conservé dans votre coeur les délices de votre passé....


Dès que je me retourne vers mon enfance, je retrouve avec nostalgie ces parfums: Celui de ma mère quand elle rentrait de chez le coiffeur. L'odeur du caramel quand le marchand ambulant tirait sur le sucre transformé en une sorte de pâte molle  renfermant des éclats de cacahuètes. Il la coupait en tronçon ensuite et le goût sucré et raffiné chatouillera vos papilles en attendant la dégustation. Cette pâte durcissait une fois découpée et devenait croquante tout en s'étirant sous vos dents. Les entremets dégustés tardivement le soir, au coin d'une rue ou dans un restaurant ouvert tard la nuit - Chè hạt sen ( Dessert aux graines de Lotus ), crème renversée au caramel servie avec de la glace pilée... Les plats uniques de certains restaurants ( Riz au poulet façon vapeur parfumé au Gingembre... )( Mì quảng:une délicieuse soupe, originaire du Centre du VN, faite avec des nouilles jaunes )....La cuisine de ma mère ( qui me tuait à chaque repas de fête, à cause de longues heures passées à hacher de la viande sur le billot de cuisine )


XX - NUITS MAGIQUES


Ces instants inoubliables de votre vie:


Des nuits mémorables auprès de vos proches, à partager des émotions fortes comme cette fois où notre tante ( venant en visite de Sài Gòn ) nous a emmenés ( encore très jeunes à l'époque, âgés de 6 à 7 ans environ ) dans les champs de maïs derrière la maison. Notre marche silencieuse à la lumière de petites lampes de poche nous amusait follement. Devinez pourquoi???!!! Les épis volés nous laissaient un goût exquis, à marquer à tout jamais dans nos souvenirs. 


Habitants des villes, vous n'avez jamais connu des spectacles tels que le ballet féérique des lucioles dans la nuit, le plaisir de leur courir après, d'essayer de les attraper, de les enfermer dans vos mains et de voir clignoter entre vos paumes ces minuscules insectes.


XXI - LE SECRET DE LA LONGEVITE - MEDECINE CHINOISE ou MEDECINE OCCIDENTALE


Quand ma famille s'est installée à Nha Trang, j'ai pu faire plus ample connaissance avec mes grands-parents maternels.


J'accompagnais mon grand-père partout où il allait et c'était ainsi que j'ai pu goûter à de la Gélatine d'Os de Tigre " Cao Hổ Cốt " - remède efficace, paraît-il,contre les rhumatismes ou tout problème d'os. Coûteuse et rare ( Un squelette entier de Tigre était nécessaire pour sa fabrication ), très appréciée des Anciens et cotée en cadeau.


Le lieu de la fabrique dégageait des relents, on dirait une caverne servant de refuge aux fauves.Mon grand-père s'y rendait souvent pour passer des commandes. Les petites tranches de Gélatine d'Os étaient dures, repoussantes par leur aspect et leur odeur.


Mon grand-père était un fidèle client de la Pharmacie Chinoise du coin. Non pas parce qu'il était malade, mais pour mieux entretenir sa santé. J'ai eu droit à ma potion magique aussi, sous forme de boulettes noires, moins mauvaises en goût que l'huile de foie de morue de ma mère! C'était un plaisir pour moi d'observer les gestes précis du pharmacien dans le dosage de ses plantes et de ses racines. Comment arrivait-il à trouver le bon tiroir devant cette multitude de cases? Au moment de passer à la caisse, encore un autre émerveillement: le boulier chinois et la vitesse de calcul de l'utilisateur!


XXII - MON ONCLE EXTERMINATOR & TAXIDERMISTE


Dans mon enfance, j'ai vécu dans l'enceinte du Lycée fondé par mon père, dans une grande maison bâtie à côté de l'école. Mes oncles nous ont rejoints, pour y devenir des enseignants à leur tour -"Chế độ gia đình trị " faisant allusion à la famille du Président Ngô Đình Diệm en même temps, selon la rumeur publique à l'époque et sans doute une des raisons qui a causé une rébellion des élèves plus tard et entraîné le départ de mon père. Dans les années 60, pour une petite province,  imposer une discipline de fer - salut de drapeau, service de garde - assuré par les lycéens - avant la fermeture du portail, uniformes pour tout le monde, pas de maquillage pour les filles...n'était pas une mince affaire et sûrement pas au goût de tout le monde.


Mon oncle y a créé un laboratoire où il entreposait ses animaux empaillés. Notre résidence fourmillait de proies pour le plus grand plaisir de notre Exterminator. J'en ai profité pour faire quelques expériences à mon tour sur la faune et la flore locale. Ma collection concernait les Papillons et les fleurs.


XXIII - LA MAGIE DES PIERRES


Si j'étais née des siècles plus tôt, je serais déjà brûlée comme étant une sorcière.


Depuis plus de 3 ans, j'ai découvert que j'ai un don de guérison par le magnétisme des mains. J'ai souffert de ma maladie génétique pendant longtemps et grâce à mon énergie & magnétisme, je suis de nouveau en bonne santé, plus d'allergie chronique, plus de mal de dos, ni de crises de paralysie  ...


Le jour de mon accident -écrasée deux fois par une voiture: Aller et retour en arrière à cause de la panique d'une jeune conductrice - j'étais à moitié inconsciente, ne sentant plus mes deux jambes.


Quand les pompiers m'ont embarquée, je commençais à reprendre mes esprits: J'ai ressenti alors mes jambes - la douleur, accompagnée de tremblements envahissant le corps.


J'ai tout de suite utilisé mon Quartz durant le trajet de l'ambulance des pompiers vers l'hôpital. J'ai expliqué au pompier ce que j'étais en train de faire: retirer toute douleur  des zones touchées par la voiture en apposant mon quartz dessus.


L'équipe de l'urgence était surprise de me voir arriver en pleine forme & souriante...


Pendant 48h, je n'ai pas eu de médicaments, à cause des papiers de prise en charge à faire remplir par l'employeur. Donc, je n'ai pas eu d'autre choix que de me servir de mes cristaux pour sauver ma jambe droite de phlébite et la gauche, de douleur- dûe à une fracture et à une rupture de ligament.


J'ai travaillé sans relâche avec mes pierres pendant 7 jours.


Le 11è jour, j'ai pu marcher normalement.


Les cristaux dont je me sers en général, ce sont les Quartz. Et le reste c'est-à dire les autres pierres, en complément.

Exemple: Pour l'infection d'un doigt, d'un orteil...  je soigne d'abord avec une baguette de Quartz et après, je désinfecte avec un morceau de soufre, juste en y  l'appliquant.


Marcel VOGEL, un scientifique qui a travaillé pour IBM,  a fait tailler le Quartz pour augmenter sa puissance.


Je ne sais pas encore me servir des pierres taillées comme les siennes.


Je préfère employer des cristaux bruts ou taillés de façon plus simple.


A ce jour, j'ai compté une soixantaine de personnes de mon entourage (collègues, leurs enfants ou parents  et même des clients) qui ont accepté ma méthode naturelle de soins.


Je ne fais qu'aider les gens. Je ne peux pas leur apporter une guérison miraculeuse, car la Vie, notre Vie ne dépend que de la volonté de Dieu.


Une collègue souffrant d'Emphysème, au bout de longs mois de soins, va mieux maintenant, car elle n'a plus de douleurs. 


Une séance ne dure que de 5  à 10 minutes.


J'ai guéri une brûlure à la figure en 3 séances et la peau est redevenue belle comme avant, en 15 mm au total de traitement, avec mes pierres.


Un enfant - fils d'une collègue- ayant une infection  ( le bout de chair comme une excroissance ) au pied à cause d'un staphylocoque est guéri au bout de 2 semaines et après une seule séance. 


J'ai fait disparaître les boutons d'herpès d'une petite fille avec un Quartz. C'était comme une baguette magique.


Même l'infirmière de mon entreprise m'a demandé de la soigner et le Docteur m'ayant déjà vue à l'oeuvre, a juste dit " ah, c'est la médecine parallèle".


Le Cancer est une autre affaire: c'est un mal qu'on doit combattre soi-même en changeant de vie  avec beaucoup de prières, d'amour et de volonté et une alimentation saine.


J'ai aidé un Américain souffrant de Cancer de la Prostate, de la Vessie. Son cancer a atteint son oeil et il ne voyait plus, car l'oeil était collé et presque fermé par d'épaisses croûtes de peau.


Mon cristal lui a permis de retrouver la vue et il était heureux de pouvoir peindre à nouveau. Son opération s'étant mal passée, il avait fait infection sur infection et il est mort (un peu avant Nguyen Ngoc Anh à qui j'ai rendu visite l'été dernier) d'une hémorragie. J'ai gardé quelques photos de son oeil en souvenirs. C'était impressionnant!


La Lithothérapie est traitée dans plein de livres, mais je ne peux pas suivre leurs conseils, car je fais l'inverse de ce qui est écrit, question de main  ( droite, gauche ) et selon ce que je ressens au contact d'une pierre.


Quand je me sers de mon magnétisme pour les soins, je risque ma vie au delà de 3 personnes, en vidant mon énergie vitale.


Il m'est déjà arrivée d'être épuisée et il fallait me recharger auprès de grandes géodes d'Améthyste.


J'apprends à chaque séance et je m'améliore ainsi en soignant, dès que les gens m'appellent.


Je ne suis pas experte en cristaux, mais je connais un certain nombre de pierres maintenant.


XXIV - L'AMOUR DE MA VIE & LES TOURS DU DESTIN


Si j'ai pu remarquer que les rencontres dans notre vie n'étaient pas dûes au hasard, j'ai constaté à un moment de ma vie que le Destin pouvait nous jouer aussi des tours, en séparant les amoureux coûte que coûte pour qu'ils ne se croisaient pas dans la même ville, habitant non loin l'un de l'autre. Quand j'ai vécu en internat dans le campus de Da Lat, l'Amour de ma vie que je nomme ici D. pour préserver son anonymat, lui, a pris ses quartiers à la célèbre Académie Militaire Nationale de Da Lat -Trường Võ Bị Quốc Gia Đà Lạt - l'équivalent de West Point pour toute la zone de l'Asie du Sud-Est. Et dire que nous nous sommes sans doute croisés sans nous reconnaître, toi, en tenue d'Officier cadet SVSQVBDL fièrement campé sur ton cheval au nom d'Aurore - surnommé ainsi à cause de vos promenades quotidiennes, à l'aube, au moment où la vallée de Da Lat est encore plongée dans son sommeil sous la brume matinale - faisant tes rondes en ville, la casquette bien enfoncée sur la tête pour cacher un peu ton visage et te permettre d'avoir ainsi une expression impassible devant les regards curieux des passants. Les demoiselles ont dû pâmer d'admiration devant ton allure princière, à l'époque! Quatre ans passées sous une discipline de fer " Tự thắng để chỉ huy"- " Se vaincre pour commander", dans le froid climat de Da Lat t'ont permis de gagner d'importants postes jusqu'à la fin de la guerre. J'aurais aimé sortir, aller à une de vos soirées - au bras d'un Officier cadet SVSQVBDL, te voir jouer dans l'orchestre de Trường Mẹ - L'Académie Mère, danser un slow avec toi. Hélas, le destin nous a laissé encore dans l'ignorance, plus tard, quand tu as été muté à un poste à Sai Gon, dans mon district même! Et des années après notre départ du pays, à Paris, où tu étais en visite! Nous deux dans la même ville, toujours sans le savoir! Aujourd'hui, nous avons pu enfin nous retrouver pour nous rendre compte que malgré le sort qui s'est acharné contre nous, ni le temps, ni la distance n'ont effacé les souvenirs dans nos coeurs et que l'Amour est toujours au rendez-vous! Nous avons perdu notre Patrie, tu n'as plus ton bel uniforme d'Officier Cadet VBQGDL, sauf ta devise " Tự thắng để chỉ huy " dans ta nouvelle carrière. Mon Amour, tu as toujours vécu pour ton idéal, tu as servi ton pays avec honneur et payé le prix fort dans les camps de rééducation. Je te rends tardivement cet hommage ainsi qu'à tous nos héros de la guerre et je n'oublie pas de saluer ceux qui sont tombés pour notre noble cause - au nom de la Liberté!


XXV - ET UN JOUR L' OUBLI: ALZHEIMER


A quel moment le Temps commence-t-il sa destruction fatale? A nous voler nos précieux souvenirs, notre passé, pour ne nous laisser qu'une infime partie de mémoire? A effacer même jusqu'à notre propre identité, à nous faire oublier nos proches nos enfants, à nous priver de paroles, à nous rendre au néant? Mon Amour, en ce moment, je sais que tu es auprès de ta mère pour t'occuper d'elle. Ta mère qui vivant en exil, comme nous tous et qui voulait, en pleine nuit, retourner au pays: au Nord du Viet Nam! Chaque moment passé avec elle à évoquer vos tendres et joyeux souvenirs de Nha Trang: Tu es devenu sa mémoire, sa réserve d'anecdotes, sa source d'histoires, de contes et de légendes... " Mẹ ơi, hôm nay con về thăm mẹ, con sẽ kể cho mẹ nghe.... " Et ta mère va s'inquiéter, comme si tu étais encore célibataire " Chừng nào con lấy vợ?". Tu en profiteras pour lui parler de notre Amour, de moi, ton Premier et Dernier Amour, de notre engagement pour cette vie et pour l'Eternité. Déjà, tu m'as servi de Mémoire aussi, pour me rappeler certains épisodes oubliés de notre Adolescence. Si un jour, le Temps venait à effacer ma Mémoire, je risquerais d'oublier mon Dernier Amour, mais mon Premier Amour serait préservé et je te retrouverais quand même sur le chemin de l'Oubli...!


Tiên Sa



© cfnt, Collège Français de Nha Trang