Mais où est mon Collège d'antan?
Souvenirs de mon enfance


... Je ne me souviens même pas de son prénom! Naturellement, par respect pour nos maîtres, nous les appelons toujours par leur nom de famille et il a toujours été pour moi M. André.


Mes premiers cours d'anglais au Collège Français de Nha Trang ont été avec M. André. Il avait les cheveux roux et bouclés, une barbe qui ne pouvait pas cacher un sourire aimable et chaleureux. Ses yeux étaient bons et sa voix douce, le teint très clair de sa peau m'avait beaucoup impressionnée et chaque fois qu'il prenait ma main dans la sienne, je sursautais. M. André était toujours très élégant dans sa chemise bien repassée et son pantalon au pli impeccable.


Nos cours commençaient avec l'arrivée de M. André dans la salle de classe. Il nous accueillit d'un sourire, prenait quelques bouts de craie puis tournant le dos à la classe, il commençait à dessiner, sans dire un mot et sans faire une erreur. Gravures blanches sur tableau noir, il esquissait ainsi rapidement la leçon, mettant le nouveau mot anglais sous chaque dessin. M. André faisait rarement de correction sur ses esquisses, il était capable de traduire tout simplement un mot étranger par un dessin sur le tableau pour ses élèves. Le bruit de fond provenant des garçons et les gloussements étouffés des filles ne pouvaient pas masquer le crissement de la craie alors que moi, je recopiais son œuvre avidement sur mon cahier. Peu à peu, j'avais su apprécier ses leçons et le plaisir d'apprendre cette nouvelle langue grandissait en moi.


Un jour, M. André avait observé quelque chose d'inhabituel. Il avait remarqué que je semblais avoir perdu du poids, que j'étais pâle, que mes notes baissaient et que je n étais pas attentive en classe. Pas même mon amie la plus proche était au courant de ce qui passait, mais M. André s'aperçut du changement, et cela le préoccupait. Il me parlait, et comme je levais les yeux gonflés de larmes vers lui, je compris que mon professeur avait vraiment du souci pour moi.


Je me réjouis à la pensée que M. André avait joué son rôle en me préparant à la vie au Royaume Uni. Je me souviens comment durant ces leçons j'avais appris à connaître la Reine d'Angleterre et Big Ben, la tradition anglaise de boire du thé et de manger des scones à la crème. …


J'ai ainsi remonté les sentiers du souvenir et j'ai souri à moi-même.




Memories of my childhood... I don't even remember his first name! Of course, to show respect for our teachers we called them by their surname, so he has always been M. André to me.


My first English lessons at school were with M. André. He had curly, reddish hair and a beard that could never hide a warm and friendly smile. His eyes were kind and his voice was soft, the whiteness of his skin made a big impression on me and I was startled each time he took my hand into his. M. André was always smart in his well ironed shirt and his impeccable trousers.


Our lessons started when M. André walked into the classroom. He greeted us with a smile, picked up a few pieces of chalk, turned his back to the classroom and started drawing, without a word and without a mistake. White drawings on a black board, he quickly sketched the pictures one by one and wrote the new English word underneath it. M. André rarely needed to make a correction to his sketches. He was able to translate a foreign word into an image and onto the blackboard for his pupils with ease. The background noise of the boys and the giggly sounds of the girls could not mask the sound of his writing as I avidly copied his work into my notebook. Quietly, I enjoyed his lessons and I steadily learned to love the new language.


But M. André observed something unusual. He noticed that I seemed to have lost weight, that I looked pale, that my grades were slipping and that I was distracted in his class. Not even my closest friend was aware of what I was going through, but M. André noticed a change, and he was concerned. He talked to me, and as I was looking up at him with tears welling up my eyes, I knew then that my teacher really cared for me.


I would like to think that M. André has played a part in preparing me for a life in England. I think of how during those lessons, I learned about the Queen of England and Big Ben, about the tradition of drinking English tea and eating cream scones....


And as I walked down the memory lane, I smiled to myself.


Nguyễn Hòa Bình



© cfnt, Collège Français de Nha Trang